C’est une image saisissante qui a marqué l’investiture de Donald Trump à la présidence des États-Unis ce lundi : les plus grands magnats de la tech, dont Jeff Bezos d’Amazon, Tim Cook d’Apple, Mark Zuckerberg de Meta ou encore Elon Musk, étaient assis aux premiers rangs sous la coupole du Capitole pour assister à la prestation de serment. Un signal fort de la proximité inédite entre ces géants de la Silicon Valley et le nouveau pouvoir en place, qui n’a pas manqué de faire grincer quelques dents.
Une aristocratie technologique au plus près du pouvoir
La valeur cumulée des fortunes personnelles de ces magnats de la tech présents dépasse les 1000 milliards de dollars selon le magazine Forbes. Un poids économique colossal qui semble leur avoir donné un accès privilégié à cet événement historique, au point d’être mieux placés que certains ministres du gouvernement Trump.
Les milliardaires de la tech sont mieux placés que les propres ministres de Trump. Tout est dit.
Elizabeth Warren, sénatrice démocrate du Massachusetts, sur X (ex-Twitter)
Cette présence en force des visages de la nouvelle économie contraste fortement avec le premier mandat de Donald Trump, durant lequel ils avaient soigneusement gardé leurs distances. Mark Zuckerberg s’était même dit inquiet en 2016 des discours anti-immigration du candidat Trump. Mais le vent semble avoir tourné.
Un changement de ton radical de la Silicon Valley
Depuis la réélection de Donald Trump en novembre dernier, les rencontres se sont multipliées entre le président et les figures de la tech comme Mark Zuckerberg, qui s’est rendu plusieurs fois en Floride et a accueilli des proches de Trump au sein de Meta. Le fondateur de Facebook se dit maintenant « optimiste » quant au second mandat.
De son côté, Elon Musk a contribué personnellement à hauteur de 277 millions de dollars à la campagne de Donald Trump et s’est vu confier une mission de réduction des dépenses publiques. D’autres figures majeures comme Sam Altman d’OpenAI ou Shou Chew de TikTok étaient également présentes à l’investiture.
Des intérêts économiques et politiques convergents
Ce rapprochement spectaculaire peut s’expliquer par les relations contractuelles de nombre de ces entreprises tech avec le gouvernement, comme Amazon, Google, Apple ou les sociétés spatiales Blue Origin de Jeff Bezos et SpaceX d’Elon Musk qui travaillent étroitement avec la NASA.
Par ailleurs, la politique de dérégulation prônée par Donald Trump pourrait profiter à ces géants pour stimuler leur croissance. Sundar Pichai de Google s’est d’ailleurs félicité de l’élection sur X, y voyant le début d’une « nouvelle ère de la technologie et de l’IA qui bénéficiera à tous les Américains ».
Avec un poids de plus de 18 millions d’emplois d’après l’Association professionnelle de la technologie (CTA), la tech est un secteur désormais vital pour l’économie du pays, et une confrontation serait contre-productive pour les deux parties.
Vers un « complexe technologico-industriel » au pouvoir ?
Cette convergence d’intérêts entre les géants de la tech et le pouvoir politique soulève néanmoins des inquiétudes. Dans sa dernière allocution, le président sortant Joe Biden évoquait la montée d’un « complexe technologico-industriel » prenant le contrôle du pays.
Il mettait en garde contre une concentration jugée dangereuse du pouvoir aux mains d’une poignée d’ultra-riches issus de la tech, et les conséquences potentiellement délétères d’une influence sans limites de leur part sur la vie démocratique.
Le positionnement en première ligne des magnats de la tech lors de cette investiture historique ne fait que renforcer le sentiment d’une oligarchie numérique qui s’installe ouvertement au plus près du pouvoir. Une situation qui promet de susciter bien des débats dans les mois et années à venir sur la place à accorder à ces acteurs dans l’échiquier politique américain.