Les fonds de la mer Baltique sont le théâtre d’étranges incidents depuis quelques mois. Plusieurs câbles sous-marins, véritables autoroutes des télécommunications, ont été mystérieusement sectionnés. La question sur toutes les lèvres : s’agit-il de malheureux accidents ou d’actes de sabotage délibérés ?
Une série d’incidents troublants
Tout a commencé en novembre dernier, lorsque deux câbles reliant la Suède à la Lituanie et l’Allemagne à la Finlande ont été endommagés. Puis, le jour de Noël, c’est au tour d’un câble entre la Finlande et l’Estonie d’être touché. Des incidents qui ont immédiatement fait naître des soupçons.
« Personne ne croit que ces câbles ont été coupés accidentellement », déclarait Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense. « Nous devons estimer, sans en être sûr encore, qu’il s’agit d’un sabotage. » Les regards se sont alors tournés vers un mystérieux porte-conteneurs chinois, le Yi Peng 3, et un pétrolier battant pavillon des îles Cook, l’Eagle S.
Le spectre d’une « flotte fantôme » russe
Dans ce climat de tensions, tous les scénarios étaient envisagés. Y compris celui d’une implication de la Russie et de sa présumée « flotte fantôme », utilisée pour exporter son pétrole malgré les sanctions internationales. Moscou a fermement démenti, mais ses dénégations ont été accueillies avec scepticisme par les Occidentaux.
Des responsables d’agences de renseignement occidentales penchent désormais pour la thèse d’un accident.
De nouveaux éléments relancent l’enquête
Mais coup de théâtre ! Selon de récentes révélations du Washington Post, citant des sources proches de l’enquête, ces incidents seraient en réalité liés à des accidents. Un consensus émergerait au sein des services de sécurité américains et européens.
D’après le quotidien, le deuxième incident serait dû à un équipage inexpérimenté du pétrolier Eagle S, dont l’ancre aurait accroché un câble. Une hypothèse qui remet en question les soupçons initiaux de sabotage, sans pour autant les écarter totalement.
L’Otan renforce sa présence en mer Baltique
Face à ces menaces, réelles ou supposées, sur ses infrastructures critiques, l’Otan a décidé de muscler sa présence dans la région. L’opération « Baltic Sentry », lancée mi-janvier, prévoit un renforcement des patrouilles maritimes et aériennes pour une durée indéterminée.
Frégates, avions, drones et satellites sous-marins sont mobilisés pour surveiller cet espace stratégique, devenu un véritable « lac otanien » depuis l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’Alliance atlantique. Une situation que redoute Vladimir Poutine, qui voit d’un très mauvais œil cet déploiement à ses portes.
Mais les tensions s’exacerbent
Signe de cette escalade, un avion français de patrouille maritime, engagé dans l’opération Baltic Sentry, a été la cible d’une manœuvre agressive de la part de la Russie la semaine dernière. Désigné par un radar de conduite de tir et victime d’une tentative de brouillage, l’incident illustre la détermination de Moscou à ne rien céder dans cette partie de de poker menteur.
Alors, la vérité sur ces mystérieuses ruptures de câbles sous-marins se cache-t-elle dans les profondeurs de la Baltique ou dans les arcanes de la géopolitique ? Une chose est sûre : dans cet espace maritime disputé, chaque incident, chaque geste compte et peut faire basculer un équilibre précaire. L’enquête, elle, est loin d’avoir livré tous ses secrets.