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L’Assassinat Non Résolu d’un Élu Corse : Le Procès se Poursuit

En Corse, un ex-berger est rejugé pour l'assassinat d'un élu local après un premier procès controversé. L'affaire, non résolue, soulève des questions sur la justice insulaire et génère de vives tensions...

Un drame qui secoue la Corse. En novembre 2017, Patrick Julien, adjoint au maire du village de Soccia, est retrouvé mort dans des circonstances troublantes. Âgé de 52 ans, l’élu gisait sans vie au volant de son tractopelle, le moteur encore en marche. Son corps portait les traces de plusieurs tirs, dont un mortel à la tête. Un crime brutal qui a choqué les habitants de ce paisible village corse.

Très vite, les soupçons se portent sur Antoine Pietri, un ex-berger âgé de 34 ans à l’époque des faits. L’homme est placé en garde à vue dès le lendemain du meurtre. Lors des perquisitions, les enquêteurs découvrent chez lui un fusil et des munitions pouvant correspondre à l’arme du crime. Sur les lieux du drame, deux étuis de cartouches portant les traces ADN du suspect sont également retrouvés.

Un premier procès émaillé de controverses

En décembre 2020, Antoine Pietri comparaît une première fois devant les assises d’Ajaccio. Malgré les éléments à charge, il clame son innocence. À la stupéfaction générale, la cour finit par l’acquitter, allant à l’encontre des réquisitions du ministère public qui avait demandé 25 ans de réclusion. Un verdict qui fait polémique.

Selon des sources proches du dossier, ce premier procès aurait été entaché de plusieurs irrégularités. La défense aurait notamment pointé du doigt des incohérences dans les procès-verbaux concernant la couleur des douilles retrouvées. Des accusations de pressions et de faux témoignages auraient également été évoquées, jetant le trouble sur l’équité des débats.

La justice saisie en appel

Face au tollé provoqué par l’acquittement, le parquet général fait immédiatement appel de la décision. Antoine Pietri se retrouve donc de nouveau devant les assises, cette fois à Bastia, depuis le début de la semaine. L’ancien éleveur de chèvres continue de nier toute implication dans ce crime.

Mais pour les parties civiles et l’accusation, trop de zones d’ombre subsistent. D’après eux, plusieurs éléments accablent le suspect :

  • L’arme et les munitions retrouvées à son domicile
  • Son ADN sur les douilles
  • Une vive altercation avec la victime quelques jours avant le meurtre
  • Des incohérences dans son emploi du temps le jour des faits

Un mobile lié à un conflit foncier ?

Au cœur de l’affaire, un différend autour du terrain où le corps de Patrick Julien a été découvert. Selon les enquêteurs, ce litige foncier opposerait la victime et l’accusé, fournissant un potentiel mobile au crime. Une piste toutefois contestée par la défense qui dénonce un dossier bâti sur des suppositions.

Me Paul Sollacaro, avocat d’Antoine Pietri, dénonce un « acharnement judiciaire » contre son client. Il pointe notamment l’absence de témoin direct et remet en cause la fiabilité de certains éléments matériels. L’estimation de l’heure du crime demeure notamment un point central de sa contre-argumentation.

D’autres suspects écartés trop vite ?

La défense regrette également que d’autres pistes n’aient pas été davantage creusées. Patrick Julien aurait en effet été en conflit avec d’autres personnes, comme en témoignent des SMS hostiles reçus par la victime ou encore le meurtre de bétail lui appartenant 20 ans plus tôt. Des faits anciens que les enquêteurs auraient, selon Me Sollacaro, trop rapidement écartés.

L’avocat a également fait part de ses doutes quant à l’impartialité de certains enquêteurs. Il a ainsi évoqué un cadeau de charcuterie qui aurait été offert à l’un d’eux par un potentiel suspect. Une accusation fermement rejetée par le gendarme concerné.

Un procès sous haute tension

Plus de cinq ans après les faits, le mystère reste entier. Ce deuxième procès, prévu pour durer jusqu’au 29 janvier, s’annonce d’ores et déjà tendu. Entre zones d’ombre, accusations de pressions et doutes sur l’enquête, les débats promettent d’être intenses. La Corse retient son souffle en attendant le verdict.

Une chose est sûre : ce procès soulève des questions qui dépassent le simple cadre de la culpabilité ou de l’innocence d’Antoine Pietri. C’est tout le fonctionnement de l’institution judiciaire en Corse qui se retrouve sur le banc des accusés. Corruption, pressions, enquêtes bâclées… Les soupçons pèsent lourd.

Au-delà du drame humain, cette affaire pourrait bien devenir le symbole d’une justice insulaire en crise, minée par les doutes et les polémiques. Un constat amer pour les proches de Patrick Julien qui attendent toujours que la vérité éclate sur ce meurtre aussi brutal qu’incompréhensible.

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