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Afflux de Blessés à Goma Alors que les Combats s’Intensifient Dans l’Est de la RDC

Goma submergée par un afflux de blessés alors que les combats s'intensifient dans l'est de la RDC. Le M23 gagne du terrain face aux FARDC, poussant des milliers d'habitants à fuir. La situation humanitaire se dégrade, les civils pris entre deux feux. Jusqu'où ira cette nouvelle escalade ?

Depuis début janvier, l’hôpital de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), croule sous l’afflux massif de blessés, victimes des violents combats qui font rage dans la région. Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et des sources locales, plus de 200 patients, pour la plupart touchés par balles ou éclats d’obus, ont été admis en moins de trois semaines. Un chiffre qui témoigne de l’intensification des affrontements entre les forces armées congolaises (FARDC) et les rebelles du M23 (« Mouvement du 23 mars »).

Le M23 gagne du terrain, Goma menacée

Soutenu par le Rwanda voisin selon l’ONU, le groupe armé M23 a multiplié les offensives ces dernières semaines, gagnant rapidement du terrain face à l’armée congolaise dans la province du Nord-Kivu. Lundi, de violents combats étaient en cours dans les collines de Sake, à seulement une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma, la capitale provinciale. Les détonations résonnaient jusqu’au cœur de la ville, faisant craindre le pire aux habitants.

Non loin de là, les affrontements font aussi rage autour de Minova, une cité de 65 000 âmes située à une quarantaine de kilomètres de Goma. Début janvier, le M23 s’est déjà emparé de Masisi centre, une localité clé d’environ 40 000 habitants, à 80 km au nord-ouest. Une prise stratégique qui a poussé les FARDC à lancer une contre-offensive d’envergure pour tenter de reprendre la ville, intensifiant encore les combats.

Un lourd bilan humain

Cette nouvelle escalade de violence fait des ravages parmi les populations civiles, prises entre deux feux. « On constate un afflux de blessés depuis début janvier », confirme Myriam Favier, cheffe de la sous-délégation du CICR dans le Nord-Kivu. Les équipes médicales, en charge de la chirurgie de guerre à l’hôpital de Goma, multiplient les opérations :

Entre le 1er et le 21 décembre, on a reçu 100 patients. Entre le 1er et le 20 janvier, on est à 211 patients.

– Myriam Favier, CICR Nord-Kivu

Dimanche, Médecins sans frontières (MSF) a également déploré un tir de roquette sur ses installations adossées à l’hôpital local, blessant deux personnes. Un drame qui illustre les dangers auxquels sont exposés les civils et le personnel humanitaire.

Exode massif et crise humanitaire

Fuyant les combats et les exactions, quelque 237 000 personnes ont dû quitter leur foyer depuis début janvier dans l’est de la RDC, selon les Nations unies. L’utilisation d’armes lourdes dans des zones densément peuplées pousse des villages entiers sur les routes de l’exil. Une situation qui aggrave la crise humanitaire dans une région déjà fragilisée par des décennies de conflits.

L’intensité actuelle des combats atteint un niveau inédit depuis des mois, avec un nombre de morts important des deux côtés et l’usage massif d’artillerie lourde, révèlent plusieurs sources sécuritaires sous couvert d’anonymat. Le M23 semble déterminé à étendre son emprise, menaçant directement Goma et déstabilisant toute la région.

Le Rwanda pointé du doigt

En juillet dernier, un rapport d’experts de l’ONU accusait le Rwanda de soutenir activement la rébellion. Selon ce document, entre 3000 et 4000 soldats rwandais combattraient aux côtés du M23, Kigali ayant « de facto pris le contrôle et la direction des opérations ». Des allégations vivement contestées par le gouvernement rwandais, mais qui jettent une lumière crue sur les enjeux géostratégiques de ce conflit.

Riche en ressources naturelles, l’est de la RDC est déchiré par les violences depuis plus de 30 ans, sur fond de rivalités ethniques et de compétition pour le contrôle des minerais précieux. Depuis sa résurgence fin 2021, le M23, un ancien groupe rebelle vaincu en 2013, a repris les armes et conquis de vastes territoires dans le Nord-Kivu. Une offensive qui menace aujourd’hui directement Goma et attise les tensions dans toute la région des Grands Lacs.

Face à cette nouvelle escalade, la communauté internationale s’inquiète et appelle à une désescalade rapide. Mais sur le terrain, les combats s’intensifient chaque jour, piégeant des milliers de civils dans un engrenage de violence. Dans les couloirs surchargés de l’hôpital de Goma, le personnel soignant redouble d’efforts pour sauver des vies. Un combat au quotidien, loin des projecteurs, pour panser les plaies d’une région meurtrie par des décennies de guerre.

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