À trois jours des élections européennes, c’est une annonce pour le moins surprenante qu’a faite Pierre Larrouturou, tête de liste “Changer l’Europe”. Dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux, il a déclaré qu’il voterait pour une autre liste que la sienne dimanche, estimant qu’il ne sera pas réélu.
Une campagne semée d’embûches
Pierre Larrouturou, député européen depuis 2019 et issu du parti Nouvelle Donne, a jugé que sa “campagne a été très difficile”. Il pointe du doigt les “grands médias où il a été très ardu de se faire entendre”, rendant sa réélection compromise selon lui.
Il est évident qu’on ne passera pas la barre des 5%, qu’on ne pourra pas être élus.
– Pierre Larrouturou
Un constat amer pour celui qui n’est crédité que de 0,5% d’intentions de vote dans le dernier sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro, LCI et Sud Radio. Loin des 5% nécessaires pour envoyer des élus à Strasbourg.
Le spectre d’une gauche privée d’eurodéputés
Au-delà de son propre sort, Pierre Larrouturou s’inquiète surtout pour la représentation de la gauche au Parlement européen. Selon lui, Marie Toussaint, tête de liste EELV, “oscille dangereusement juste au-dessus de 5% des voix” et risque de n’envoyer aucun élu.
La gauche pourrait ainsi perdre jusqu’à cinq députés européens, au profit de “trois élus de plus pour l’extrême droite et la droite” alerte-t-il. Un scénario catastrophe qu’il veut éviter à tout prix.
Le choix du “vote utile”
Face à ce risque, Pierre Larrouturou a tranché. Il votera pour la liste EELV menée par Marie Toussaint, “le seul vote utile” selon lui. Une décision prise “sans aucun plaisir, mais sans aucune hésitation”, conscient que “cela peut se jouer à 1000 voix”.
Un choix surprenant, celui de soutenir une liste concurrente, mais que Pierre Larrouturou justifie par l’impératif de sauver la représentation de la gauche au parlement de Strasbourg. Il appelle toutefois ses militants à “continuer le combat” après le 9 juin.
Des combats qui se poursuivront
Malgré cette décision, le leader de Nouvelle Donne n’entend pas abandonner ses idées. Il promet de poursuivre ses combats “pour la semaine de quatre jours, les 32 heures sans perte de salaire, pour vivre mieux et créer des emplois”, mais aussi pour “l’allocation d’autonomie pour tous les 18-25 ans comme au Danemark”.
Enfin, il n’oublie pas l’enjeu climatique, réclamant “un référendum pour avoir plus de moyens pour le climat”. Des causes qui lui tiennent à cœur et qu’il compte bien continuer à défendre, au Parlement européen ou ailleurs.
Ce revirement à trois jours du scrutin est un coup de tonnerre dans une campagne européenne atone. Il illustre les difficultés de la gauche à exister dans ces élections, malgré des listes nombreuses. Un éparpillement qui pourrait lui coûter cher dimanche soir. Le vote utile, stratégie payante ou dangereuse illusion ? Réponse dans les urnes le 9 juin.