Après 15 mois d’une guerre dévastatrice, un premier souffle d’espoir a surgi à Gaza avec l’entrée en vigueur d’une trêve fragile entre Israël et le Hamas. Dès le premier jour du cessez-le-feu, un échange historique a eu lieu : la libération de trois otages israéliennes détenues depuis 471 jours par le Hamas, en contrepartie du relâchement de 90 prisonniers palestiniens par Israël.
Emily Damari, Doron Steinbrecher et Romi Gonen, les trois femmes libérées dans un « état stable » selon les médecins, ont retrouvé leurs proches dans une ambiance chargée d’émotion. Leur libération marque le début d’un processus graduel qui devrait concerner au total 33 otages israéliens et environ 1 900 détenus palestiniens, selon les termes de l’accord conclu grâce à la médiation du Qatar, des États-Unis et de l’Égypte.
L’aide humanitaire afflue à Gaza, un territoire dévasté
Parallèlement à ces libérations, l’aide humanitaire a commencé à affluer massivement dans la bande de Gaza, un territoire palestinien en ruines après cette guerre qui a fait plus de 48 000 morts, majoritairement des civils côté palestinien. Dès le premier jour de trêve, 630 camions sont entrés à Gaza selon l’ONU, dont 300 destinés au nord du territoire particulièrement touché.
Nous sommes finalement chez nous. Il n’y a plus de maison, seulement des ruines. Mais c’est notre maison.
Rana Mohsen, une habitante de Jabalia
Le défi est immense pour les organisations humanitaires qui doivent répondre aux besoins « pharamineux » de la population selon l’ONU. Le Programme alimentaire mondial vise à atteindre un million de personnes dans les plus brefs délais.
Le rôle clé des médiateurs internationaux
La trêve, conclue in extremis avant l’investiture du président américain Donald Trump, est le fruit d’intenses efforts diplomatiques. La pression exercée par la future administration américaine sur Israël semble avoir été décisive pour arracher cet accord.
Mais la route vers une paix durable est encore longue. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu qu’Israël se réservait « le droit de reprendre la guerre si besoin », tandis que le Hamas a affirmé que le respect de la trêve dépendait des engagements tenus par Israël. Les prochaines étapes seront cruciales, avec notamment la poursuite des libérations de prisonniers chaque semaine.
Le lourd bilan humain de la guerre
Déclenchée par une attaque meurtrière du Hamas le 7 octobre 2023, cette guerre aura coûté la vie à 1 210 Israéliens, en grande majorité des civils, et à au moins 46 913 Palestiniens selon des données jugées crédibles par l’ONU. 91 Israéliens enlevés sont encore retenus à Gaza, dont 34 seraient décédés.
Au-delà des pertes humaines, c’est tout le territoire palestinien qui est à reconstruire, après avoir subi d’immenses destructions sous les bombardements israéliens. La dernière phase de l’accord de trêve prévoit d’ailleurs des négociations sur la reconstruction de Gaza.
Vers une réconciliation palestinienne ?
Au-delà du cessez-le-feu avec Israël, cet accord pourrait aussi favoriser un rapprochement entre les factions palestiniennes. Le Hamas et le Fatah, qui contrôle la Cisjordanie, sont à couteaux tirés depuis de longues années. Certains espèrent que cette trêve sera l’occasion de renouer le dialogue en vue d’une réconciliation nationale palestinienne, un préalable indispensable à toute négociation de paix globale.
Malgré la fragilité de la situation, ce premier jour de trêve à Gaza a fait renaître un espoir : celui qu’une paix juste et durable reste possible si toutes les parties respectent leurs engagements. Les prochaines semaines seront décisives pour consolider ce cessez-le-feu et poser les jalons d’un futur meilleur pour les Palestiniens et les Israéliens.