Devant un auditoire suspendu à leurs lèvres, quatre rescapées du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau ont livré des témoignages déchirants lors d’un événement organisé ce dimanche au Mémorial de la Shoah. Yvette Lévy, Judith Elkan-Hervé, Ginette Kolinka et Esther Sénot, âgées de 97 à 99 ans, comptent parmi les derniers témoins survivants de l’horreur des camps nazis. Une semaine avant les commémorations marquant le 80e anniversaire de la libération d’Auschwitz, elles ont raconté avec une précision bouleversante leur arrivée et leur vie dans ce lieu devenu symbole de l’extermination des juifs, où un million d’entre eux ont été assassinés.
Des récits poignants qui marquent les esprits
Malgré leur grand âge, les souvenirs des rescapées restent intacts. Yvette Lévy, 98 ans, se remémore son convoi de 1300 personnes en juillet 1944 : « Le train a roulé deux jours et deux nuits jusqu’à Birkenau. A l’arrivée, 896 personnes sont parties directement à la chambre à gaz ». Elle décrit la terreur omniprésente, les sélections impitoyables, l’humiliation constante orchestrée par les nazis pour « salir » et briser les déportés.
Ginette Kolinka, bientôt centenaire, évoque avec émotion la honte ressentie lorsqu’il a fallu se dévêtir à l’arrivée, puis le tatouage d’un numéro sur le bras, marque indélébile de déshumanisation. Esther Sénot, 97 ans, n°58.319, raconte la menace permanente des chambres à gaz dont elle a découvert l’existence avec ces mots glaçants : « vous faites pas d’illusion, vous êtes entrés par la porte et vous partirez par la cheminée ».
L’indicible tragédie des mères et leurs enfants
Judith Elkan-Hervé, 98 ans, résume l’horreur absolue d’Auschwitz en une phrase qui glace le sang : « A l’arrivée à Birkenau, celles qui n’ont pas donné leur enfant à leur mère ou leur copine l’ont porté dans leurs bras à la chambre à gaz. Pour moi Auschwitz c’est ça : les mères qui portent leurs enfants à la mort ».
Un appel vibrant à la transmission de la mémoire
Face à un public conscient de l’importance cruciale de leur témoignage, les rescapées lancent un appel poignant à la jeune génération. Judith Elkan-Hervé insiste : « il faut soigner la jeunesse, pour l’éduquer dans une voie différente de la haine. Il faut leur dire la vérité de l’Histoire et les mettre en garde. L’éducation est une chose vitale ». Dans l’assistance, la fratrie Sandager, âgée de 12 à 23 ans, mesure la chance d’entendre ces récits de vive voix, une opportunité qui risque de disparaître avec le temps qui passe.
Aujourd’hui nous ne sommes plus qu’une poignée de survivants. Je compte sur vous pour que vous puissiez témoigner en notre nom à tous, face aux négationnistes et autres faussaires de l’Histoire.
Esther Sénot, rescapée d’Auschwitz
Les quatre rescapées martèlent un message d’une brûlante actualité : transmettre inlassablement la mémoire et la vérité historique pour que les atrocités commises ne se reproduisent plus jamais. Un devoir de mémoire rendu plus difficile mais plus essentiel que jamais alors que les derniers témoins directs s’éteignent. Leur voix doit continuer à résonner à travers les jeunes générations pour que l’humanité n’oublie pas les leçons de son histoire la plus sombre.