La Chine vient de procéder ce lundi 20 janvier 2025 à l’exécution de Fan Weiqiu, l’auteur d’une attaque meurtrière au véhicule-bélier qui avait horrifié le pays en faisant 35 morts et des dizaines de blessés en novembre dernier dans la ville de Zhuhai. Cette exécution capitale, rare par sa rapidité et sa médiatisation, soulève de nombreuses questions sur l’évolution de la criminalité et le durcissement sécuritaire en Chine.
Retour sur un drame national
Le 15 novembre 2024, Zhuhai, paisible cité portuaire du sud de la Chine, basculait dans l’horreur. En quelques minutes, un SUV lancé à pleine vitesse fauchait des dizaines de passants, faisant 35 morts et 57 blessés. La stupeur et l’incompréhension dominaient au lendemain de ce qui s’avérait être l’une des attaques les plus meurtrières de l’histoire récente du pays.
L’enquête révèlera rapidement l’identité et les motivations du conducteur, Fan Weiqiu, un homme de 48 ans sans antécédents mais visiblement animé d’une volonté de vengeance suite à un conflit immobilier. Un profil et un mode opératoire rappelant d’autres drames similaires survenus ces derniers mois…
La voiture-bélier, nouvelle terreur
Si les attaques au couteau restent prédominantes, la Chine fait face à une recrudescence inquiétante des attaques à la voiture-bélier depuis fin 2023. Folie meurtrière individuelle, terrorisme ou règlement de compte, les motivations varient mais le résultat est toujours aussi dévastateur dans des zones urbaines très denses :
- 15 attaques meurtrières au véhicule en 2024
- 167 morts et plus de 400 blessés
- Des cibles diverses : écoles, marchés, rues commerçantes…
Selon des experts en sécurité, cette forme d’attaque serait motivée par une volonté de « spectacle macabre », une facilité de mise en œuvre avec des dégâts maximum et une grande difficulté à prévenir et contrer pour les autorités. Un cocktail glaçant.
C’est la prévisibilité qui rend ces attaques aussi terrifiantes. N’importe qui peut basculer un jour et commettre l’irréparable avec son véhicule.
– Xiang Li, criminologue
Un durcissement sécuritaire
Face à cette menace protéiforme, les autorités chinoises ont réagi par un renforcement des mesures de sécurité et un durcissement judiciaire, comme l’illustre le sort de Fan Weiqiu. Jugé à huis-clos en à peine 2 mois, le responsable de la tragédie de Zhuhai a été condamné à mort en première instance, sans possibilité d’appel, et exécuté ce 20 janvier.
Une procédure inhabituelle par sa célérité, même pour la Chine qui reste le pays pratiquant le plus la peine capitale. Le pouvoir veut clairement faire de ce procès un exemple pour dissuader de futurs passages à l’acte. Un message fort, alors que de plus en plus de voix critiquent une société chinoise de plus en plus inégalitaire et violente.
Cette exécution envoie un message clair : nous ne tolèrerons aucune violence envers nos citoyens et nos réponses seront implacables.
– Déclaration officielle des autorités judiciaires
Prévenir plutôt que guérir ?
Pourtant, de nombreux observateurs pointent les limites d’une approche uniquement répressive et appellent à s’attaquer aux racines du mal. Selon eux, le mal-être grandissant d’une partie de la population sur fond de ralentissement économique et de clivages sociaux doit être pris en compte :
- Hausse des inégalités et du sentiment d’injustice
- Dégradation de la santé mentale et stress
- Crise de confiance envers les institutions
En exécutant Fan Weiqiu, la Chine referme le chapitre tragique de Zhuhai. Mais elle ne pourra faire l’économie d’une réflexion plus profonde sur un mal-vivre qui semble s’étendre dangereusement. Au-delà des mesures sécuritaires, c’est tout un modèle de société qui est à repenser pour éviter de nouvelles tragédies.