Face au retour au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis, le gouvernement sud-coréen sort l’artillerie lourde pour protéger ses exportations. Séoul vient en effet d’annoncer un plan de financement colossal de 240 milliards d’euros sur cinq ans pour soutenir ses fleurons industriels comme les semiconducteurs, les batteries ou encore la construction navale. Un pari audacieux pour le pays, qui craint de voir ses excédents commerciaux record avec les USA menacés par le nouveau locataire de la Maison Blanche.
Une année 2023 exceptionnelle pour les exportations sud-coréennes
Avec 683,8 milliards de dollars d’exportations en 2023, en hausse de 8,2%, la Corée du Sud a réalisé une performance remarquable sur le front du commerce extérieur. Le pays a notamment profité de la forte demande mondiale pour ses produits phares comme les puces électroniques, les écrans, les voitures ou les équipements de télécommunication. Mais cette success story pourrait être remise en cause par le retour d’un Donald Trump qui avait fait de la réduction des déficits commerciaux américains une priorité.
Un plan de soutien « sans précédent » de 240 milliards d’euros
Pour parer à cette menace, Séoul dégaine donc un plan massif de 360 000 milliards de wons (240 milliards d’euros) sur les cinq prochaines années. « Un soutien financier sans précédent » selon les mots d’un responsable du ministère des Finances cité dans un communiqué. Dans le détail, la Banque d’import-export du pays apportera à elle seule 50 000 milliards de wons pour épauler des secteurs stratégiques comme les semiconducteurs ou les batteries, « qui ont récemment été confrontés à des défis ».
Miser sur la coopération américano-coréenne
Le gouvernement compte également utiliser ce levier financier pour « aider les industries prometteuses comme la défense, l’énergie nucléaire et la construction navale, à tirer parti de la coopération américano-coréenne pour développer les exportations et les contrats ». Autre axe d’action : intensifier le soutien via les salons internationaux, les délégations commerciales à l’étranger et les garanties contre les risques de change. Une feuille de route ambitieuse pour protéger les parts de marché durement acquises.
Trump et sa menace de guerres commerciales
Car si le bouillonnant milliardaire a promis de s’attaquer en priorité au Mexique, au Canada et à la Chine, brandissant la menace de droits de douane punitifs au risque de déclencher des guerres commerciales, la Corée du Sud pourrait elle aussi se retrouver dans son viseur. Et pour cause : en 2023, le pays a dégagé un excédent commercial record de plus de 44 milliards de dollars avec son allié américain. De quoi attiser les velléités protectionnistes du nouveau président.
Une économie très dépendante des exportations
Il faut dire que les exportations sont le nerf de la guerre pour la Corée du Sud, 12ème économie mondiale. Elles représentent environ 50% de son PIB, contre 20% en moyenne pour les pays de l’OCDE. Le pays est notamment le leader mondial des semi-conducteurs, des écrans LCD/OLED, des batteries au lithium ou encore des navires. Autant de fleurons industriels qu’il entend protéger coûte que coûte dans la tourmente qui s’annonce avec l’imprévisible Donald Trump.
Les incertitudes externes, telles que l’entrée en fonction de la nouvelle administration américaine, font craindre des effets négatifs potentiels sur le front de l’exportation pour les entreprises.
– Kim Dong-joon, responsable au ministère des Finances sud-coréen
En dépit de fondamentaux économiques solides, illustrés par une croissance de 2,7% et un taux de chômage au plus bas (3,7%), la Corée du Sud n’entend donc pas baisser la garde. Avec ce plan pharaonique, Séoul espère muscler ses exportations dans un contexte international agité. Un pari osé à 240 milliards d’euros pour ce petit pays qui a bâti sa puissance sur son industrie extravertie. Réussira-t-il à surfer sur la vague Trump ou se fera-t-il emporter par la houle protectionniste ? L’avenir nous le dira.