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RDC : Amnesty International dénonce l’utilisation accrue d’armes explosives

Amnesty International tire la sonnette d'alarme sur l'utilisation croissante d'armes explosives en RDC, faisant de nombreuses victimes parmi les civils. L'ONG demande l'ouverture d'une enquête pour crimes de guerre. Découvrez les témoignages glaçants des proches des victimes et l'ampleur de cette tragédie...

Le conflit qui déchire l’est de la République Démocratique du Congo depuis des décennies connaît une nouvelle escalade de violence. D’après une enquête d’Amnesty International publiée lundi, le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda et l’armée congolaise auraient intensifié leur utilisation d’armes explosives dans les zones densément peuplées au cours du premier semestre 2024. Ces attaques auraient fait plus de 100 morts et des centaines de blessés parmi les populations civiles, révélant l’ampleur de cette tragédie humaine.

Des « scènes apocalyptiques » décrites par les proches des victimes

Les témoignages recueillis par Amnesty International dépeignent l’horreur vécue par les civils pris entre deux feux. Après des tirs d’artillerie ou des explosions de roquettes, les proches des victimes évoquent des « scènes apocalyptiques », avec des maisons détruites, des débris jonchant le sol et des corps déchiquetés.

Angèle, citée dans l’enquête, raconte avoir perdu ses quatre filles âgées de 6 à 15 ans lors d’une attaque à la roquette attribuée au M23 près de Goma le 3 mai dernier. En l’espace de quelques secondes, l’explosion a réduit ses enfants à « des débris et des corps déchiquetés ». Un autre homme, ayant perdu sa femme dans des circonstances similaires, se dit « consterné » par le fait que les belligérants s’affrontent si près des camps de déplacés :

Nous avons fui nos villages dans l’espoir de trouver un peu de sécurité. Ici, nous n’avons rien à part nos enfants. Mais ils nous pourchassent jusqu’ici et tuent nos enfants. Le M23 nous tue, le gouvernement nous tue, qu’avons-nous fait pour mériter cela ?

L’armée congolaise également pointée du doigt

Si le M23 est tenu pour responsable de nombreuses attaques, l’enquête d’Amnesty International met aussi en cause l’armée congolaise. Le 25 janvier 2024 à Mweso dans le Nord-Kivu, un tir d’artillerie provenant probablement des FARDC (Forces Armées de la RDC) aurait détruit une maison, faisant « au moins 19 morts et 25 blessés, dont 15 enfants » selon des sources médicales. L’ONG affirme n’avoir trouvé « aucune preuve de l’existence de cibles militaires à l’intérieur ou à proximité de la zone d’impact ».

Des responsables militaires congolais auraient même reconnu « une bavure » dans ce cas. Mais globalement, tant les autorités de Kinshasa que les dirigeants du M23 n’ont pas répondu aux conclusions préliminaires de l’enquête qui leur avaient été communiquées en décembre dernier.

Amnesty International appelle la CPI à ouvrir une enquête

Face à ces attaques qui ont tué et blessé de nombreux civils, dont des enfants, Amnesty International exhorte la Cour Pénale Internationale (CPI) à envisager d’ouvrir une enquête pour crimes de guerre. L’organisation demande que les auteurs de ces actes, quels qu’ils soient, soient traduits en justice.

La CPI avait déjà annoncé relancer ses investigations sur la situation dans l’est de la RDC l’année dernière. Mais depuis, les violences se sont encore intensifiées, s’étendant même à la province voisine du Sud-Kivu où le M23 a récemment pris le contrôle de la cité minière de Lumbishi.

Cette enquête d’Amnesty International met en lumière le drame vécu par les populations civiles de l’est de la RDC, prises en étau dans un conflit qui semble sans fin. Elle soulève aussi des questions sur la responsabilité de la communauté internationale, qui peine à trouver des solutions durables pour ramener la paix dans cette région ravagée par des décennies de violences.

L’ONU a déployé l’une de ses missions de maintien de la paix les plus importantes au monde en RDC (MONUSCO), mais celle-ci est régulièrement critiquée pour son manque d’efficacité. Des voix s’élèvent pour réclamer un engagement plus ferme de la communauté internationale, afin de faire pression sur toutes les parties pour qu’elles cessent les violences et s’engagent dans un véritable processus de paix.

Car au-delà des chiffres glaçants des victimes, ce sont des milliers de familles qui sont endeuillées et traumatisées, des centaines de milliers de personnes forcées de fuir leurs foyers pour échapper aux combats. Cette tragédie humaine ne peut plus durer, et il est urgent que toutes les parties prenantes, locales comme internationales, se mobilisent pour y mettre un terme et permettre enfin aux populations de l’est de la RDC de vivre en paix et en sécurité.

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