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L’inquiétante montée en puissance des ultra-riches à Davos

Une poignée d'hommes ultra-riches concentre un pouvoir tentaculaire, menaçant nos démocraties. Un constat glaçant dressé par Oxfam à l'ouverture du Forum de Davos. Décryptage d'un rapport qui ne présage rien de bon pour...

Alors que s’ouvre le très select Forum économique mondial de Davos, l’ONG Oxfam tire la sonnette d’alarme. Dans un rapport publié ce lundi, elle dénonce l’émergence d’une «oligarchie» d’ultra-riches qui «exerce un pouvoir tentaculaire sur nos systèmes politiques et économiques». Un constat glaçant qui soulève de sérieuses questions sur l’avenir de nos démocraties.

Une poignée d’hommes plus riches que jamais

Selon les calculs d’Oxfam, la fortune cumulée des milliardaires a bondi de 2000 milliards de dollars l’an dernier, pour atteindre la somme vertigineuse de 15.000 milliards de dollars. Du jamais vu. Dans le même temps, le nombre de personnes vivant dans une pauvreté extrême n’a quasiment pas bougé depuis 30 ans. Un gouffre abyssal entre une infime minorité qui s’enrichit à vitesse grand V et une immense majorité qui stagne.

Ce fossé, Oxfam l’illustre par une projection saisissante : d’ici 10 ans, à peine cinq hommes pourraient se targuer d’une fortune de…1000 milliards chacun ! Parmi eux, les habituels suspects : Elon Musk, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg et Larry Ellison. Des noms bien connus du grand public, symboles d’une réussite financière hors norme. Mais derrière cette success story se cache une réalité bien plus sombre.

Quand argent et politique se mélangent dangereusement

Car la question essentielle soulevée par Oxfam est celle-ci : quand une poignée d’individus concentre autant de richesses, que devient le pouvoir démocratique ? Un questionnement visiblement partagé par le président américain sortant Joe Biden qui, sans détour, a lui-même pointé du doigt l’apparition d’une «oligarchie» menaçant de phagocyter la démocratie.

Il faut dire que les signaux sont pour le moins alarmants. Si l’on en croit Oxfam, «l’oligarchie aristocratique» est à son apogée avec l’arrivée à la Maison Blanche d’un «président milliardaire, Donald Trump, soutenu et acheté par l’homme le plus riche du monde, Elon Musk». Un cocktail explosif où intérêts financiers et politiques s’entremêlent dangereusement.

«On est dans la situation de pouvoir s’acheter un pays», dénonce sans ambages Cécile Duflot, patronne d’Oxfam France.

Le poids démesuré des ultra-riches en politique

La nouvelle administration Trump illustre parfaitement cette dérive inquiétante. Le magnat de l’immobilier, fraîchement élu, a nommé d’autres richissimes hommes d’affaires à des postes stratégiques comme ambassadeurs ou directeurs d’agences fédérales. L’un d’eux, le banquier milliardaire Warren Stephens, hérite ainsi du très convoité poste d’ambassadeur au Royaume-Uni. Des nominations sur mesure récompensant des soutiens financiers de poids durant la campagne.

Elon Musk, lui, fait figure de Super Pac à lui tout seul. Le fantasque patron de Tesla et SpaceX a déjà eu l’occasion de montrer l’étendue de son influence en s’invitant dans les débats politiques brûlants au Royaume-Uni et en Allemagne. Avec ses tweets, suivis par des millions de personnes, il peut peser en un clic sur des choix de société majeurs. Un pouvoir d’influence colossal pour un seul homme.

Quel avenir pour nos démocraties ?

Face à cette déferlante de milliardaires entrant dans l’arène politique, l’avenir de nos démocraties semble plus que jamais en sursis. Comment le peuple peut-il encore avoir voix au chapitre quand les ultra-riches et leurs intérêts dictent l’agenda ? Bien malin qui peut répondre à cette question épineuse. Mais une chose est sûre : il y a urgence.

Oxfam appelle à un sursaut salvateur et exhorte les États à «s’attaquer aux racines des inégalités extrêmes» en «s’assurant que les plus riches et les grandes entreprises payent leur juste part d’impôts». Sans quoi, prévient l’ONG, les principes démocratiques qui nous sont chers risquent fort d’être engloutis par la déferlante oligarchique.

Le Forum économique mondial de Davos, qui réunit chaque année le gratin de la planète finance, offre une occasion en or de remettre les pendules à l’heure. Mais il y a fort à parier que les principaux intéressés, trop occupés à accroître leur empire tentaculaire, feront la sourde oreille. À moins d’un électrochoc des citoyens qui, dans les urnes, rappelleraient que la démocratie n’est pas à vendre. Même à prix d’or.

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