À l’aube du retour tant redouté de Donald Trump à la Maison Blanche, le maire travailliste de Londres Sadiq Khan exprime ses vives inquiétudes quant à la montée en puissance des « populistes réactionnaires » au sein des démocraties occidentales. Un phénomène alarmant qui, selon lui, représente un défi majeur pour les forces progressistes.
L’Occident hanté par le spectre du fascisme
Dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire de centre gauche The Observer, Sadiq Khan tire la sonnette d’alarme. Il pointe du doigt la progression fulgurante de l’extrême droite dans plusieurs pays européens, estimant que « le spectre de la résurgence du fascisme hante l’Occident ».
Le maire de Londres constate avec amertume que les populistes réactionnaires ont su tirer profit des angoisses économiques et de la défiance croissante envers les institutions politiques et médiatiques pour rallier de nouveaux partisans à leur cause. Une stratégie payante qui leur permet de gagner du terrain de manière inquiétante.
L’extrême droite aux portes du pouvoir
Sadiq Khan multiplie les exemples préoccupants. En Allemagne, l’AFD est en passe de réaliser une percée historique lors des prochaines élections fédérales de septembre. En France, le Rassemblement national caracole en tête des sondages pour la présidentielle. Et bien sûr, le retour en force de Donald Trump aux États-Unis, véritable coup de tonnerre politique.
Les progressistes à travers le monde occidental font face à un défi qui définira le siècle, et les enjeux pour la démocratie libérale ne sauraient être plus importants.
Sadiq Khan, maire de Londres
Tensions avec le gouvernement britannique
Les propos alarmistes de Sadiq Khan ne sont cependant pas du goût de tous, à commencer par le gouvernement britannique. Interrogé sur la BBC, un haut responsable du Trésor a tenu à marquer ses distances, affirmant que l’exécutif ne partageait pas cette analyse à l’heure où le Labour multiplie les efforts pour renouer le dialogue avec les Républicains américains.
Une divergence de vues qui illustre les tensions récurrentes entre le bouillonnant maire de Londres et le pouvoir central. Déjà en 2019, en pleine visite d’État de Donald Trump, les deux hommes s’étaient écharpés par médias interposés, sur fond d’accusations de laxisme face au terrorisme et de critiques sur la politique migratoire.
Un maire engagé et controversé
Figure de proue de la gauche britannique, Sadiq Khan n’a jamais hésité à s’engager sur des sujets clivants. Premier maire musulman d’une capitale occidentale, cet enfant d’immigrés pakistanais a régulièrement croisé le fer avec Donald Trump, lui reprochant son « populisme de droite dure » et sa rhétorique incendiaire.
Un positionnement militant qui lui a valu de solides inimitiés, certains l’accusant de jeter de l’huile sur le feu et d’attiser les tensions communautaires. Mais aussi le soutien indéfectible de larges pans de la société civile, saluant son courage politique et son combat contre les discriminations.
L’heure de la mobilisation a sonné
Pour Sadiq Khan, il est urgent que les progressistes relèvent la tête et se mobilisent face à la menace populiste. Car au-delà des joutes politiques, c’est bien l’avenir de la démocratie libérale qui est en jeu. Un combat crucial qui décidera de la trajectoire du XXIe siècle.
D’après des observateurs avertis, les mises en garde du maire de Londres font écho aux inquiétudes croissantes de nombreux dirigeants progressistes à travers l’Europe et les États-Unis. Beaucoup redoutent que le succès des tribuns populistes ne débouche à terme sur une remise en cause des fondements même de l’État de droit et des libertés publiques.
Face à cet horizon orageux, Sadiq Khan appelle à une contre-offensive idéologique d’ampleur. Objectif : désamorcer le ressentiment social qui nourrit les populismes, endiguer la défiance envers les élites, et redonner un nouvel élan au projet progressiste. Un défi immense qui exigera des forces de gauche qu’elles se réinventent en profondeur pour reconquérir les classes populaires et restaurer la promesse démocratique.
L’Histoire retiendra si cet appel aura été entendu. Une chose est sûre : à l’heure de la mondialisation et des grandes transitions écologiques et numériques, l’extrême droite a le vent en poupe. Un avertissement que les progressistes du monde entier ne peuvent se permettre d’ignorer, au risque de voir les principes démocratiques durement acquis balayés par la vague populiste. Le combat ne fait que commencer.