C’est avec un immense soulagement mêlé d’inquiétude qu’Israël s’apprête à accueillir ce dimanche les premiers otages libérés dans le cadre du cessez-le-feu avec le Hamas à Gaza. Si la joie des retrouvailles sera intense, les professionnels de santé redoutent l’ampleur des séquelles physiques et surtout psychologiques laissées par cette éprouvante captivité.
Le calvaire des otages de Gaza
Tout commence le 7 octobre 2023, lorsque le Hamas enlève 251 Israéliens lors d’une attaque sans précédent. Près de 16 mois plus tard, 94 d’entre eux sont encore aux mains de l’organisation terroriste, dont 34 ont été déclarés morts. Une première trêve en novembre avait permis la libération de 105 personnes, laissant présager le pire pour ceux restés en captivité.
Amir Blumenfeld, ex-chef du département de médecine de combat de Tsahal, ne cache pas son inquiétude : « Après 50 jours, les otages souffraient déjà de nombreux problèmes physiques et psychologiques. Cette fois-ci, après plus de 470 jours, ça va être horrible ». La perte de poids drastique, jusqu’à un tiers voire la moitié du poids initial, sera le principal défi à relever sur le plan physique.
Des traumatismes psychologiques profonds
Mais c’est surtout la santé mentale des ex-otages qui préoccupe les experts. Ilana Gritzewsky, libérée en novembre, témoigne de la façon dont une simple vidéo de son compagnon toujours détenu l’a « replongée dans la période de captivité, avec les cris, les odeurs, la peur et l’impuissance ». Brûlures, coups, harcèlement sexuel… Les violences subies laissent des traces indélébiles.
La crainte est que certains otages soient dans une situation d’effondrement psychologique total.
Iris Gavrieli Rahabi, psychanalyste
Un rapport du ministère israélien de la Santé fait état de stress post-traumatique, dépression, anxiété et culpabilité du survivant chez de nombreux ex-détenus. Le spectre de grossesses issues de viols plane également sur les femmes, utilisées comme esclaves sexuelles selon certains témoignages.
Un long chemin vers la guérison
Face à l’inconnu, les professionnels de santé vont devoir s’adapter. Une hospitalisation d’au moins 4 jours, avec tests de grossesse et soutien psychiatrique immédiat, est prévue dès la libération. Mais le Dr Blumenfeld prévient : le rétablissement psychologique prendra du temps, parfois sans retour possible à la normale.
Malgré tout, Iris Gavrieli Rahabi veut croire en la résilience des rescapés : « Tous ceux qui reviennent savent qu’ils ont survécu à l’enfer. Quand tu es en vie après ça, ça donne beaucoup de force ». Une force qui sera plus que nécessaire pour affronter l’ampleur des traumatismes et se reconstruire pas à pas.
Le retour tant espéré des otages marque le début d’une nouvelle bataille : celle de la guérison des corps et des âmes meurtris. Un défi immense pour Israël, qui devra mobiliser toutes ses ressources pour accompagner ces victimes de l’horreur sur le long chemin de la résilience.