Après 15 mois d’un conflit sanglant dans la bande de Gaza, une lueur d’espoir brille enfin. Romi Gonen, 24 ans, Doron Steinbrecher, 30 ans, et Emily Damari, 28 ans, trois femmes israéliennes enlevées par le Hamas en octobre 2023, vont être libérées ce dimanche dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le groupe islamiste palestinien. Retour sur leurs histoires bouleversantes et les détails de leur libération tant attendue.
Romi, Doron et Emily : trois destins brisés
Le 7 octobre 2023 restera gravé comme l’un des jours les plus sombres de l’histoire récente d’Israël. Lors du festival de musique Nova, 364 personnes ont péri dans une attaque terroriste d’une violence inouïe, perpétrée par le Hamas. Parmi les victimes, Romi Gonen, alors âgée de 24 ans. Blessée par balle, la jeune femme a été capturée par les assaillants sous les yeux horrifiés de sa mère, au téléphone avec elle à ce moment tragique.
Le même jour, à quelques kilomètres de là, le kibboutz de Kfar Aza était lui aussi pris pour cible. 46 résidents y ont perdu la vie, tandis que sept autres étaient enlevés, dont Doron Steinbrecher, infirmière vétérinaire de 30 ans, et Emily Damari, une Israélo-Britannique de 28 ans venue s’installer en Israël pour fonder une famille. Toutes deux ont également été blessées durant l’attaque avant d’être traînées de force par leurs ravisseurs.
15 mois d’angoisse pour les familles
Depuis ce funeste « samedi noir », comme l’ont surnommé les Israéliens, les familles de Romi, Doron et Emily vivent un cauchemar éveillé. Malgré leurs appels répétés et les efforts diplomatiques, aucune preuve de vie ni perspective de libération n’avaient été obtenues jusqu’à présent. Yarden, la sœur de Romi, confiait en novembre dernier au Figaro son désespoir :
Elle s’est cachée mais a fini par être découverte. J’entendais les terroristes se demander: « On l’emmène? On la tue? » Finalement, ils l’ont emmenée.
Yarden, sœur de Romi, au Figaro en novembre 2023
Simona, la mère de Doron, exprimait elle aussi son impuissance face à l’enlèvement de sa fille sous ses yeux :
C’est le pire cauchemar de toute mère. C’était terrible. J’étais à proximité mais je ne pouvais pas aller par voir parce que toute la zone était infestée de terroristes. Je savais qu’elle allait être kidnappée et je ne pouvais pas l’aider.
Simona, mère de Doron, à Reuters
Une mobilisation internationale
Au fil des mois, la mobilisation pour la libération de Romi, Doron et Emily n’a cessé de s’amplifier, en Israël comme à l’international. Une place leur a été dédiée à Tel Aviv, devenue le symbole de l’union sacrée du peuple israélien autour de ses otages. Des manifestations y sont organisées chaque semaine pour maintenir la pression sur les autorités.
Au Royaume-Uni, d’où est originaire Emily, les supporters de Tottenham, son club de cœur, lui témoignent régulièrement leur soutien pendant les matchs en lançant des ballons jaunes et en affichant son portrait. Une façon de rappeler au monde entier le sort de cette jeune femme partie en Israël pour y concrétiser ses rêves.
La libération, enfin
C’est donc un immense soulagement qui s’est emparé d’Israël et des proches des trois otages ce dimanche matin, lorsque le Hamas a publié leurs noms sur Telegram, officialisant leur libération dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu durement négocié avec l’État hébreu. Selon une source proche citée par i24NEWS, Romi, Doron et Emily devraient être remises aux autorités israéliennes dans les prochaines heures en échange de prisonniers palestiniens dont le nombre n’a pas été précisé.
Si cette libération marque la fin d’un long calvaire pour les trois jeunes femmes et leurs familles, elle ne saurait effacer les blessures et les traumatismes accumulés durant ces 15 mois de captivité. Selon un responsable de l’armée s’exprimant sous couvert d’anonymat, les ex-otages auraient été détenues dans les sombres souterrains de Gaza, « dans des conditions inhumaines ». Des séquelles physiques et psychologiques importantes sont à craindre.
Pour l’heure, c’est cependant la joie et le soulagement qui prédominent en Israël. Toute la nation retient son souffle dans l’attente des retrouvailles tant espérées entre Romi, Doron, Emily et leurs proches. Un moment suspendu, comme une parenthèse enchantée dans le conflit qui endeuille la région depuis tant d’années. Et l’espoir, peut-être, que cette libération ouvre la voie à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens. Comme un symbole, en ce jour béni où trois colombes retrouvent enfin leur liberté.
