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Joe Biden En Visite À Charleston Pour Honorer Les Victimes

Le président Joe Biden est attendu ce dimanche à Charleston en Caroline du Sud pour assister à un service religieux à l'église Baptiste Royal Missionary et rendre hommage aux victimes de la tuerie raciste perpétrée en 2015 par le suprémaciste blanc Dylann Roof dans l'église méthodiste Emanuel African...

À la veille de quitter ses fonctions, le président américain Joe Biden effectuera ce dimanche un déplacement lourd de sens et d’émotion dans la ville historique de Charleston en Caroline du Sud. Cette cité, marquée par un passé d’esclavage, a aussi été le théâtre d’une tragédie plus récente : la tuerie raciste perpétrée en 2015 contre les paroissiens noirs d’une église, dont l’auteur a depuis été condamné à la peine capitale.

Pour son ultime voyage officiel en tant que locataire de la Maison Blanche, le dirigeant démocrate, fervent catholique, se rendra à l’église baptiste Royal Missionary afin d’assister à un office religieux. Il en profitera pour prononcer une allocution sur le thème de « la poursuite du combat pour faire du rêve de Martin Luther King Jr. une réalité », a indiqué un haut responsable de la présidence. Une symbolique forte en cette journée du « MLK Day », férié aux États-Unis, qui tombe à la veille de l’investiture de son successeur républicain Donald Trump.

Un lieu chargé d’histoire et de douleur

Mais le choix de Charleston n’est pas anodin. Cette ville de Caroline du Sud, État du sud-est déterminant dans la victoire de Joe Biden aux primaires démocrates de 2020, concentre de nombreux symboles. Haut lieu de la traite négrière à l’époque des plantations, elle abrite aussi l’église méthodiste africaine Emanuel AME, l’une des plus anciennes congrégations noires des États-Unis, qui fut le théâtre d’un drame national.

Le 17 juin 2015, un suprémaciste blanc alors âgé de 21 ans, Dylann Roof, y a fait irruption durant une séance d’étude biblique. Convaincu de la supériorité de la race blanche, il a froidement abattu neuf fidèles afro-américains de 77 balles, après avoir été accueilli à bras ouverts par ses futures victimes. Un acte qui avait provoqué une onde de choc aux États-Unis et en Europe.

Le président face au racisme et à la violence

Joe Biden connaît bien ce lieu chargé d’histoire et de douleur. En janvier 2022, il s’y était déjà rendu, reconnaissant que sans le soutien de la communauté noire de Caroline du Sud, il n’aurait jamais accédé à la présidence. En juin 2015, quelques jours après la tuerie, c’est en tant que vice-président de Barack Obama qu’il avait assisté à une cérémonie funéraire dans cette même église, en hommage aux victimes.

Nous sommes uniques en tant que nation parce que nous cherchons constamment à nous améliorer, que nous interrogeons notre conscience et que nous cherchons à faire de la promesse de l’Amérique une réalité plus tangible.

– Joe Biden lors des funérailles de 2015, soulignant l’esprit de résilience du pays.

La question raciale, lancinante aux États-Unis, s’était alors à nouveau invitée dans le débat national, forçant les dirigeants à prendre position. Sept ans et demi plus tard, l’heure est au recueillement pour le président sur le départ, mais aussi à un bilan en demi-teinte sur ces enjeux cruciaux.

Quelle politique pénale face aux crimes racistes ?

Si la peine de mort prononcée contre Dylann Roof en janvier 2017 a été confirmée en appel en août 2021, aucune date d’exécution n’est prévue dans l’immédiat. En effet, l’administration Biden a instauré dès juillet 2021 un moratoire sur les exécutions fédérales, marquant une rupture avec la présidence de Donald Trump qui avait au contraire relancé cette pratique.

Ce moratoire concerne 37 condamnés, mais ne s’applique pas à Dylann Roof, ni à Djokhar Tsarnaev, le poseur de bombes du marathon de Boston en 2013, deux crimes particulièrement traumatisants. Pour autant, difficile de savoir si et quand leurs peines seront appliquées, le président ayant laissé planer le doute.

Son successeur Donald Trump a quant à lui d’ores et déjà prévenu qu’il entendait renverser ce moratoire et demander à son administration de requérir davantage de peines capitales. Une nouvelle illustration de la fracture politique sur les questions de justice et de sécurité.

Entre espoir et vigilance

Entre les murs de l’église baptiste Royal Missionary de Charleston, Joe Biden tentera donc de délivrer un dernier message d’espoir et d’unité, lui qui a placé son mandat sous le signe de la lutte contre les divisions et de la défense des droits civiques. Un discours à la portée évidemment symbolique, à quelques heures de passer le relais, mais aussi un appel à la nécessaire vigilance collective face au racisme et à la violence qui rongent la société américaine.

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous montrer complaisants ou ne pas être vigilants. On le voit en Pologne, au Brésil, aux États-Unis : le racisme, l’antisémitisme et les idéologies de la haine soutenus par un argument similaire sont une menace à notre démocratie.

– Extrait attendu du discours de Joe Biden selon une source proche de l’équipe présidentielle.

Un message qui prend un relief particulier au vu des événements récents, des atteintes à l’intégrité des processus électoraux au Brésil aux relents antisémites distillés par certains partisans de Donald Trump. Le calme et la dignité des victimes de Charleston en 2015 resteront comme un puissant symbole de résilience et de foi en des lendemains plus justes. Un héritage que Joe Biden tentera de raviver une dernière fois, avant de s’effacer au profit de son bouillonnant successeur.

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