Alors que les incendies font rage à Los Angeles depuis plus d’une semaine, forçant des dizaines de milliers d’habitants à fuir leurs logements, un nouveau fléau frappe les sinistrés : la flambée des prix des locations et des hôtels. Face à l’afflux soudain d’une population en détresse cherchant un toit en urgence, certains propriétaires et établissements sont en effet accusés de pratiquer des tarifs abusifs, bien au-delà des augmentations autorisées en situation de crise.
Le procureur de Californie hausse le ton
Devant l’ampleur du phénomène, Rob Bonta, le procureur général de Californie, est monté au créneau. Dans un communiqué publié le 17 janvier, il annonce avoir envoyé plus de 200 lettres d’avertissement à des hôtels et des propriétaires, les menaçant d’enquêtes criminelles et de poursuites judiciaires s’ils persistent dans ces pratiques illégales. « Les prix abusifs que nous constatons doivent cesser immédiatement », martèle-t-il, promettant de tout mettre en œuvre pour « protéger les Californiens qui cherchent juste un abri sûr ».
Loyers multipliés par deux
Selon le Los Angeles Times, des annonces de location affichaient ces derniers jours des tarifs en hausse de 50%, voire plus, par rapport à la période précédant les incendies. Bien au-delà des 10% d’augmentation maximum autorisés par la loi en cas d’urgence. Sur les réseaux sociaux, des témoignages indignés de victimes contraintes de payer des sommes exorbitantes pour se loger affluent.
C’est de la spéculation sur notre malheur. On a tout perdu et en plus on doit s’endetter pour survivre.
Un sinistré sur Twitter
Hôtels pointés du doigt
Du côté des hôtels, les dérives sont également dénoncées. D’après une source proche du dossier, certains établissements auraient doublé, voire triplé leurs tarifs habituels pour profiter de l’afflux de réfugiés. Un phénomène qualifié « d’odieux » par le procureur qui promet « la plus grande fermeté ».
Sanctions pénales encourues
Les contrevenants s’exposent à de lourdes peines. En vertu de l’article 396 du code pénal californien, les personnes reconnues coupables de ces pratiques illicites risquent jusqu’à un an de prison et 10 000 dollars d’amende. La loi interdit aussi d’expulser un locataire pour relouer plus cher ensuite. Un message clair envoyé par les autorités pour tenter d’endiguer ces abus en pleine crise.
Une catastrophe qui met en lumière la crise du logement
Au-delà des agissements de quelques profiteurs, ces incendies dévastateurs mettent surtout en exergue la situation extrêmement tendue du marché immobilier californien. Avec des milliers de personnes jetées brutalement à la rue et un parc locatif notoirement insuffisant, c’est toute une crise du logement abordable qui se révèle au grand jour. Comme un terrible effet secondaire venant aggraver le bilan humain et matériel d’une catastrophe déjà historique.
Malgré les efforts des autorités et la mobilisation de la société civile pour venir en aide aux sinistrés, le défi de l’hébergement d’urgence reste immense. Et met en lumière la nécessité de s’attaquer, au-delà de l’urgence, aux causes profondes de la pénurie de logements accessibles qui mine la Californie. Une problématique majeure et complexe dont ces incendies dramatiques ne sont hélas qu’un douloureux révélateur.