La Colombie est une fois de plus plongée dans la violence et le chaos, alors que les affrontements impliquant la guérilla de l’Armée de libération nationale (ELN) ont fait au moins 60 morts ces derniers jours dans la région du Catatumbo, au nord-est du pays. Face à cette situation critique, le président Gustavo Petro a annoncé la suspension des négociations de paix avec l’ELN, accusant le groupe rebelle de « crimes de guerre ».
Une offensive militaire intensifiée dans le Catatumbo
Les autorités colombiennes ont renforcé leur présence militaire dans cette région frontalière du Venezuela, déployant 300 soldats supplémentaires pour tenter de stabiliser le territoire. Selon le général Luis Emilio Cardozo, commandant de l’armée, la situation est « très critique » sur place, suite à la rupture de l’alliance entre l’ELN et les dissidents des FARC qui avaient pourtant signé un accord de paix en 2016.
Des civils pris pour cible
Les guérilleros de l’ELN n’ont pas hésité à s’en prendre à la population civile lors de leur assaut, selon des sources officielles. « Ils ont sorti les gens de chez eux et les ont tués de façon misérable, en violant les droits humains », a dénoncé le général Cardozo. Ces violences ont entraîné le déplacement de plus de 2 500 personnes vers la ville de Tibú, où des abris temporaires ont été ouverts pour accueillir les sinistrés.
« Nous avons très peur pour les enfants et que nous soyons laissés au milieu du conflit »
– Carmelina Perez, 62 ans, déplacée avec ses petits-enfants
Le Catatumbo, symbole du conflit armé colombien
Avec plus de 50 000 hectares de cultures de coca, carburant de la guerre interne qui a fait plus de 9,5 millions de victimes en six décennies, le Catatumbo incarne les souffrances endurées par la population colombienne. Malgré l’accord de paix historique signé avec les FARC en 2016, les groupes dissidents continuent de semer la terreur, s’opposant à l’État et aux autres organisations armées.
Un coup dur pour le processus de paix
L’attaque de l’ELN remet en question l’engagement du gouvernement de gauche de Gustavo Petro, arrivé au pouvoir avec la promesse de trouver une solution négociée au conflit. Les pourparlers de paix entamés fin 2022 avec l’ELN sont désormais suspendus, plongeant le processus dans une crise profonde. Les divergences entre les différentes parties et les attaques incessantes des rebelles ont empêché jusqu’ici la conclusion d’accords concrets.
La Colombie appelle la communauté internationale à réagir
Face à cette situation dramatique, la Colombie compte bien alerter la communauté internationale. Le pays doit participer à une session du Conseil de sécurité des Nations unies la semaine prochaine, au cours de laquelle il présentera un rapport sur les « crimes de guerre » perpétrés par l’ELN, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Luis Gilberto Murillo.
Alors que les civils continuent de fuir les violences dans le Catatumbo, la Colombie se retrouve une nouvelle fois plongée dans les affres d’un conflit qui n’en finit pas. Les espoirs de paix suscités par l’arrivée au pouvoir de Gustavo Petro semblent aujourd’hui bien lointains, face à la détermination des groupes armés à poursuivre leur lutte sans merci. La communauté internationale saura-t-elle se mobiliser pour venir en aide à ce pays meurtri et l’accompagner sur le chemin de la réconciliation ?