Les enjeux géopolitiques autour de l’archipel des Chagos, situé dans l’océan Indien, sont au cœur d’intenses négociations entre Maurice, le Royaume-Uni et les États-Unis. Le Premier ministre mauricien Navin Ramgoolam exhorte le président élu américain Donald Trump à soutenir l’accord qui reconnaîtrait la souveraineté de Maurice sur ces îles stratégiques, tout en préservant la base militaire américaine de Diego Garcia.
Un accord crucial pour la sécurité de la base américaine
Après des années de discussions, Londres avait accepté en octobre de reconnaître la souveraineté mauricienne sur l’archipel des Chagos, à condition que le Royaume-Uni conserve un bail de 99 ans sur la base de Diego Garcia, utilisée conjointement avec les États-Unis. Mais avec l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement à Maurice en novembre, les négociations ont été rouvertes, semblant viser une meilleure compensation financière et des ajustements sur la durée du bail.
Face aux critiques émanant de la future administration Trump, qui considère cet accord comme « une menace sérieuse » pour la sécurité américaine, Navin Ramgoolam insiste sur l’importance de convaincre Donald Trump des bénéfices de cet arrangement. Selon lui, en soutenant l’accord, le président élu « sécurise la base américaine à Diego Garcia ».
Une « campagne de désinformation » dénoncée
Le Premier ministre mauricien s’élève contre ce qu’il qualifie de « campagne de désinformation » aux États-Unis, qui présente Maurice comme étant proche de la Chine et prêt à lui permettre d’ouvrir des bases militaires dans la région. « C’est une fausseté totale », affirme-t-il, soulignant que « Maurice est proche de l’Inde, pas de la Chine ».
Navin Ramgoolam rappelle l’importance stratégique de Diego Garcia, qui sert de plaque tournante pour les bombardiers et navires à longue portée américains, notamment lors des conflits en Afghanistan et en Irak. Préserver le contrôle de cette base est donc un enjeu majeur pour Washington.
Le timing délicat d’une signature
Si Maurice n’était pas d’accord avec l’approche de Londres qui souhaitait entériner l’accord avant le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le Royaume-Uni semble avoir réalisé qu’il serait « inélégant » de signer le texte la veille de l’entrée en fonction du nouveau président, qui « pourrait le prendre mal ». Londres a donc annoncé cette semaine qu’il consultera l’administration américaine entrante.
Il faut que Donald Trump comprenne qu’en soutenant l’accord, il sécurise la base américaine à Diego Garcia.
Navin Ramgoolam, Premier ministre de Maurice
Un long combat pour la souveraineté mauricienne
L’archipel des Chagos est au cœur d’un contentieux qui remonte à l’indépendance de Maurice en 1968. Le Royaume-Uni avait alors conservé le contrôle de ces îles, achetées trois ans plus tôt pour trois millions de livres. Des milliers d’habitants avaient été expulsés pour permettre l’installation de la base militaire sur Diego Garcia.
Depuis, Maurice n’a cessé de réclamer la souveraineté sur cet archipel. Navin Ramgoolam assure que si Washington refuse de soutenir l’accord actuel, son pays poursuivra ce combat entamé il y a plus de 50 ans pour que les Chagos redeviennent mauriciens.
L’avenir de ce dossier complexe, qui mêle enjeux de souveraineté, de sécurité et de relations internationales, dépendra donc largement de la position qu’adoptera la nouvelle administration américaine. Maurice espère convaincre Donald Trump qu’un accord équilibré est dans l’intérêt de toutes les parties, afin de tourner la page d’un conflit vieux d’un demi-siècle.