La société israélienne oscille entre angoisse et espoir alors qu’un accord de cessez-le-feu décisif avec le Hamas palestinien doit entrer en vigueur ce dimanche. Des milliers d’Israéliens se sont rassemblés à travers le pays pour réclamer la libération des dizaines d’otages retenus dans la bande de Gaza depuis l’attaque sanglante du 7 octobre 2023, qui avait choqué le pays.
Le sort des enfants captifs au cœur des préoccupations
Parmi les prisonniers dont le destin est en jeu, les enfants comme Kfir Bibas, qui fête ses 2 ans en captivité, suscitent une émotion particulière. Enlevé avec sa famille le jour de l’assaut, il est devenu malgré lui le symbole de cette tragédie. Sa tante confie sa détresse :
J’ai essayé d’écrire un message d’anniversaire pour Kfir, pour la deuxième fois. Un message pour un enfant qui ne peut pas célébrer (…) Un enfant piégé en enfer. Un enfant qui n’est peut-être même plus en vie. Mais aucun mot ne vient, seulement des larmes.
– Ofri Bibas Levy, tante de Kfir
Le Hamas avait annoncé fin novembre 2023 la mort des enfants Bibas lors d’un bombardement israélien, une information jamais confirmée par Israël. Leurs noms figurent toutefois sur la liste des 33 otages dont la libération est prévue en échange de centaines de détenus palestiniens.
Une attente insoutenable pour les familles
Pour les proches des captifs, cette semaine précédant l’accord a été vécue comme « un enfer ». Beaucoup peinent à croire à une issue positive, échaudés par les atermoiements des derniers jours. Shahar Mor Zahiro, neveu d’un otage tué, témoigne :
Quand ils franchiront la frontière (de Gaza) et qu’ils seront réunis avec leurs familles, alors peut-être que nous pourrons respirer de nouveau.
– Shahar Mor Zahiro, neveu d’un otage
La crainte d’un échec
Si l’accord a finalement été entériné vendredi soir par le gouvernement israélien, les familles redoutent que la pression des membres d’extrême droite du cabinet, opposés au cessez-le-feu, ne le fasse capoter au dernier moment. Mor Zahiro exhorte ces « éléments extrémistes » à ne pas torpiller ce fragile espoir :
Dites-leur de se taire! Laissez les gens retrouver leurs proches. Arrêtez les combats. Arrêtez la guerre. (…) Laissez-nous guérir. C’est essentiel, sinon ce sera l’enfer ici pour les cinquante prochaines années.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a lui-même ravivé les inquiétudes en demandant à recevoir la liste des otages à libérer avant de procéder au premier échange de prisonniers, tout en réaffirmant son droit de reprendre la guerre à tout moment.
Un lourd bilan et un espoir ténu
Plus de 7 mois après le début de cette crise, le bilan est terrifiant. Sur les 251 Israéliens enlevés le 7 octobre 2023, 94 sont toujours aux mains du Hamas, dont 34 seraient décédés. Dans ce contexte, l’espoir d’un dénouement heureux est mince mais précieux. Comme le confie Efrat Machikawa, dont l’oncle est captif :
Je rêve de revoir mon oncle, j’espère de tout coeur qu’il a réussi à survivre. Je dois m’en remettre à cet espoir. Cela doit arriver, ils doivent rentrer.
Alors que les premières libérations pourraient intervenir dès dimanche, c’est tout Israël qui retient son souffle, suspendu au sort de ces hommes, femmes et enfants pris en otages dans un conflit qui les dépasse. Les prochaines heures seront décisives.