Un terrible drame s’est produit samedi matin dans le centre du Nigeria. Un camion-citerne transportant 60 000 litres d’essence s’est renversé sur une route reliant Abuja à Kaduna. Une foule nombreuse s’est alors massée autour pour tenter de récupérer le précieux carburant qui s’échappait. Mais soudain, le camion a pris feu, provoquant une explosion dévastatrice. Le bilan provisoire fait état d’au moins 70 morts.
Une scène d’horreur
D’après les témoignages recueillis sur place, la scène était apocalyptique. La majorité des victimes ont été brûlées à un point tel qu’elles en sont méconnaissables. Un second camion-citerne qui se trouvait à proximité a également été englouti par les flammes. Les images de l’accident montrent un paysage de désolation, avec des carcasses de véhicules calcinés et des débris éparpillés au sol.
La crise économique en toile de fond
Cet accident tragique met en lumière la situation de grande précarité dans laquelle se trouvent de nombreux Nigérians. Depuis un an et demi, le pays traverse en effet une crise économique majeure. L’inflation dépasse les 30%, les prix des carburants et des denrées alimentaires flambent.
Cette situation pousse une partie de la population à prendre tous les risques pour tenter de survivre. Comme lors de cet accident, où des dizaines de personnes se sont ruées pour récupérer quelques litres d’essence, quitte à mettre leur vie en danger. Un acte de désespoir qui en dit long sur les difficultés quotidiennes auxquelles font face les Nigérians les plus vulnérables.
Les réformes économiques pointées du doigt
Pour beaucoup d’observateurs, cette situation de crise est imputable aux réformes économiques menées par le président Bola Ahmed Tinubu depuis son arrivée au pouvoir en mai 2023. Et notamment sa décision de mettre fin aux subventions sur les carburants, qui a entraîné une flambée des prix à la pompe.
La suppression des subventions était nécessaire pour assainir les finances publiques. Mais elle a des conséquences très lourdes sur le quotidien et le pouvoir d’achat des Nigérians.
explique un économiste local
Le gouvernement assure que ces réformes porteront leurs fruits sur le long terme. Mais en attendant, c’est toute une partie de la population qui souffre et lutte pour sa survie au jour le jour.
Un pays en proie à l’insécurité alimentaire
Au-delà de la flambée des prix des carburants, c’est toute la sécurité alimentaire du Nigeria qui est aujourd’hui menacée. Un rapport publié fin 2022 par des agences onusiennes et de grandes ONG prévient que plus de 33 millions de Nigérians pourraient souffrir de la faim en 2025 si la situation ne s’améliore pas.
La malnutrition gagne du terrain, en particulier dans les zones rurales et parmi les populations déplacées. Il y a urgence à agir.
explique un responsable du Programme alimentaire mondial (PAM) au Nigeria
Un lourd bilan humain et environnemental
Au-delà du bilan humain effroyable, l’explosion de samedi a également provoqué de lourds dégâts matériels et environnementaux. L’essence déversée sur le sol a certainement pollué les sols et les nappes phréatiques environnantes. Un impact écologique qui pourrait se faire sentir pendant des années.
Malheureusement, ce type d’accident est loin d’être isolé au Nigeria. En septembre dernier, une collision entre un camion-citerne et un camion de transport avait déjà fait 59 morts dans ce même État du Niger. En 2022, les autorités ont recensé plus de 1500 accidents impliquant des camions-citernes dans le pays.
Un appel à la responsabilité des autorités et des citoyens
Face à ce nouveau drame, le gouverneur de l’État du Niger Umaru Bago a appelé la population à faire preuve de responsabilité et à toujours donner la priorité à sa sécurité. Mais au-delà des comportements individuels, c’est aussi aux autorités de prendre leurs responsabilités.
De nombreuses voix s’élèvent pour demander des actions concrètes afin d’améliorer la sécurité routière, de mieux encadrer le transport des matières dangereuses et de lutter contre la précarité qui pousse tant de Nigérians à risquer leur vie. Des défis immenses pour un pays de 220 millions d’habitants qui peine à sortir de la crise.