La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans la classe politique française. Elon Musk, le sulfureux patron de X (ex-Twitter), s’apprête à faire son entrée à la Maison-Blanche dans le cadre d’un nouveau département dédié à « l’efficacité gouvernementale ». Une annonce qui survient alors que le milliardaire est accusé d’ingérence dans les élections fédérales allemandes en soutenant ouvertement le parti d’extrême-droite AfD. De quoi provoquer un séisme sur la plateforme et pousser certains élus à claquer la porte.
La gauche se divise sur la stratégie à adopter
En première ligne, plusieurs députés de gauche ont annoncé leur départ de X, estimant que le réseau social était devenu « une véritable machine de désinformation ». C’est notamment le cas de Sandrine Rousseau, figure du Nouveau Front Populaire (NFP), qui exhorte ses collègues à la suivre malgré le rôle clé joué par la plateforme dans sa notoriété.
« X est devenu une véritable machine de désinformation. Y rester, c’est cautionner la propagation de fake news et le dévoiement du débat démocratique », argue-t-elle, relayée par d’autres élus écolos comme le vice-président de l’Assemblée nationale Jérémie Iordanoff. Un appel qui divise cependant la gauche, tiraillée entre volonté de résister et crainte de perdre en influence.
Les Insoumis veulent rester pour combattre
Du côté de la France Insoumise, on affiche sa détermination à ne pas déserter le terrain. Selon des proches de Jean-Luc Mélenchon, hors de question d’abandonner cet espace à « l’extrême-droite et aux complotistes ». Les députés LFI entendent bien continuer à faire entendre leur voix sur X, quitte à essuyer les attaques et les campagnes de dénigrement.
On ne peut pas laisser le champ libre à nos adversaires. Il faut occuper le terrain, même si c’est de plus en plus difficile. Partir, ce serait leur faire un cadeau.
Un député LFI
Le dilemme des élus de la majorité
Dans la majorité présidentielle aussi, les avis sont partagés. Si le ministre délégué chargé de la Transition numérique Roland Lescure a annoncé son retrait, estimant sa présence « plus possible », d’autres comme le député Renaissance Benjamin Haddad ont choisi de rester. Idem pour David Lisnard, président de l’Association des maires de France, qui juge « indispensable de ne pas abandonner cet outil de communication ».
Au sein du gouvernement, plusieurs ministres affichent leur perplexité et attendent de voir « comment les choses évoluent » avant de trancher. Emmanuel Macron lui-même n’a pas pris position, laissant planer le doute sur un éventuel retrait de l’Élysée et des services de l’État.
Le spectre d’un espace numérique sans contre-pouvoir
Au-delà des calculs politiques, c’est la question démocratique qui est posée. Pour de nombreux observateurs, le rapprochement entre Elon Musk et Donald Trump fait peser un risque majeur sur la liberté d’expression et le pluralisme en ligne. Certains redoutent l’émergence d’un espace numérique polarisé où les discours extrêmes ne seraient plus régulés.
On assiste à une dérive très inquiétante des réseaux sociaux, qui deviennent des vecteurs de haine et de radicalisation. Il est urgent de réfléchir à de nouveaux garde-fous démocratiques.
Un expert des médias numériques
Pendant ce temps, Elon Musk semble déterminé à peser de tout son poids sur le débat public, quitte à jouer les troubles fêtes. Son arrivée à la Maison Blanche promet en tout cas de nouvelles turbulences politiques et médiatiques. La tech va-t-elle définitivement pendre le pas sur la démocratie ? L’avenir le dira.