Au cœur du Soudan, un vent d’espoir souffle pour des milliers de déplacés. Après des mois d’exil forcé suite aux violents affrontements qui ont secoué le pays, ils retrouvent enfin le chemin de leur région d’origine dans le sud-est. Un retour émouvant, mais semé d’embûches, alors que le pays peine à se reconstruire après un conflit dévastateur.
Plus de 55 000 déplacés de retour au Sennar
D’après les équipes sur le terrain de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ce sont exactement 55 466 personnes déplacées qui ont pu regagner l’État du Sennar entre le 18 décembre et le 10 janvier. Un exode inversé, un mois après que l’armée ait repris le contrôle de la capitale Sinja aux forces paramilitaires.
Le Sennar, lieu stratégique entre le centre et l’est du Soudan, avait été particulièrement touché par les combats. Fin juin, les Forces de soutien rapide (FSR) avaient pris le contrôle de Sinja, provoquant la fuite de près de 726 000 personnes selon l’OIM, dont de nombreux déplacés d’autres régions.
Un refuge précaire dans les États voisins
Sur les quelque 309 800 personnes qui avaient fui les affrontements au Sennar en juin et juillet, plus de la moitié avaient trouvé refuge dans l’État voisin de Gedaref. Les autres s’étaient réfugiés dans les États limitrophes de Kassala, du Nil Bleu, de la mer Rouge et du Nil Blanc.
Mais pour beaucoup, le retour ne signifie pas encore la fin du déplacement. Comme le souligne l’OIM, certains rapatriés « pourraient ne pas être retournés dans leur localité d’origine et être restés déplacés à l’intérieur du Sennar ».
Un conflit aux lourdes conséquences humanitaires
La guerre qui déchire le Soudan depuis avril 2023 a eu un impact humanitaire dévastateur. Outre les dizaines de milliers de morts, elle a déraciné plus de 12 millions de personnes et poussé une grande partie de la population au bord de la famine. L’ONU parle de l’une des pires catastrophes humanitaires de l’histoire récente.
Les deux belligérants ont été accusés de crimes de guerre, notamment d’avoir ciblé des infrastructures civiles et d’avoir bombardé sans distinction des maisons, des marchés et des hôpitaux.
D’après une source proche du dossier
Les FSR sont particulièrement pointées du doigt pour des exactions comme des exécutions sommaires, des violences sexuelles systématiques et des pillages généralisés. Mais l’armée régulière n’est pas en reste. Washington a imposé des sanctions à son chef, Abdel Fattah al-Burhane, l’accusant d’avoir attaqué des écoles, des marchés et des hôpitaux, ainsi que d’avoir utilisé la faim comme arme de guerre.
La reconstruction, un immense défi
Si le retour des déplacés est un signe encourageant, le chemin de la reconstruction sera long et semé d’embûches pour le Soudan. De vastes zones du pays ont été dévastées par les combats, les infrastructures détruites, l’économie mise à genoux.
Le premier défi sera de permettre aux populations déplacées de retrouver des conditions de vie dignes et durables. Cela passera par la réhabilitation des habitations, la relance des services de base comme la santé et l’éducation, et le redémarrage de l’activité économique locale.
Mais la reconstruction devra aussi s’attaquer aux racines du conflit, en œuvrant pour la réconciliation entre les communautés et en bâtissant les fondations d’une paix durable. Un immense chantier qui nécessitera l’engagement de tous les acteurs, nationaux comme internationaux.
L’espoir d’un nouveau départ
Pour les milliers de déplacés qui retrouvent leurs foyers au Sennar et ailleurs, ce retour est porteur d’espoir. Celui de reconstruire leur vie et leur communauté, de tourner la page d’un conflit qui a bouleversé leur existence.
Leur résilience force l’admiration. Malgré les traumatismes, les pertes, les difficultés, ils sont déterminés à se relever et à bâtir un avenir meilleur. Un exemple inspirant pour tout le Soudan, qui aspire lui aussi à renaître des cendres de la guerre.
Le chemin sera long et difficile, mais chaque pas en avant, chaque famille qui retrouve son foyer, chaque enfant qui retourne à l’école, est une victoire. Une victoire de la vie sur la destruction, de l’espoir sur le désespoir.