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Le Programme Économique de Trump : Un Retour de l’Inflation ?

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche inquiète les économistes. Son programme pourrait faire flamber l'inflation aux États-Unis et en Europe. Quelles en seraient les conséquences pour notre pouvoir d'achat et l'économie mondiale ?

Alors que les Américains pensaient en avoir fini avec la hausse des prix, l’élection de Donald Trump en novembre dernier pourrait bien sonner le retour de l’inflation outre-Atlantique. C’est en tout cas ce que redoutent de nombreux économistes, qui pointent du doigt les promesses de campagne du 47e président des États-Unis.

Un programme économique inflationniste

Durant la campagne, Donald Trump n’a eu de cesse de fustiger la politique économique de l’administration Biden-Harris, l’accusant d’avoir provoqué une flambée des prix sans précédent baptisée « Bidenflation ». Pourtant, à y regarder de plus près, les mesures qu’il propose pourraient elles aussi alimenter la spirale inflationniste :

  • Baisses d’impôts massives pour les ménages et les entreprises, qui risquent de doper la consommation et donc les prix
  • Dépenses publiques en hausse, notamment dans les infrastructures et la défense, sans réelles contreparties
  • Restrictions aux importations via des droits de douane, renchérissant le coût des produits pour les consommateurs
  • Relance de la production d’énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) pour retrouver « l’indépendance énergétique »

Tous ces facteurs pourraient pousser les prix à la hausse selon les experts. Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du FMI, estime ainsi que le programme trumpiste « comporte des risques inflationnistes dans toutes ses dimensions ».

Vers une guerre commerciale avec la Chine et l’Europe ?

Au-delà de la politique intérieure, c’est surtout sur le plan du commerce international que le retour de Donald Trump inquiète. Le tempétueux dirigeant a promis de s’attaquer au déficit commercial abyssal des États-Unis, quitte à déclencher une guerre commerciale avec ses principaux partenaires.

Une administration Trump, ça veut dire probablement plus de protectionnisme, ce qui signifie plus d’inflation, au moins aux États-Unis, et a priori moins de croissance partout dans le monde.

François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France

La Chine est tout particulièrement dans le viseur. Accusant Pékin de « manipuler sa monnaie », Donald Trump veut imposer des taxes de 45% sur tous les produits chinois. Une mesure qui non seulement renchérirait le coût de nombreux biens de consommation pour les ménages américains, mais risquerait aussi de provoquer des représailles chinoises, pénalisant les exportations.

L’Union européenne pourrait elle aussi faire les frais du nationalisme économique trumpiste. Jugeant que les Européens profitent indûment du marché américain tout en taxant les produits made in USA, le président élu brandit la menace de droits de douane, notamment dans l’automobile et l’agroalimentaire. De quoi tendre un peu plus les relations transatlantiques.

L’indépendance de la Fed en question

Habitué des coups de menton contre la Réserve fédérale, qu’il accuse régulièrement de brider la croissance avec ses hausses de taux, Donald Trump pourrait aussi être tenté de s’immiscer dans la politique monétaire. Une perspective qui fait frémir les milieux financiers, très attachés à l’indépendance de la banque centrale.

Jerome Powell, le président de la Fed nommé par Joe Biden, voit son mandat arriver à échéance en février 2026. Donald Trump aura donc l’occasion de le remplacer par quelqu’un de plus conciliant, qui poursuivra une politique monétaire plus souple… Quitte à laisser filer l’inflation. Un scénario que n’excluent pas certains observateurs.

Le spectre de la stagflation

Plus inquiétant encore, l’effet conjugué d’une inflation élevée et d’une croissance molle, déjà observé dans les années 1970, pourrait resurgir. C’est le fameux spectre de la « stagflation », qui verrait les prix augmenter tandis que l’économie ralentit, voire entre en récession.

Un tel scénario serait catastrophique pour le pouvoir d’achat des ménages. Pris en tenaille entre la hausse du coût de la vie et le chômage, les Américains pourraient vite déchanter. Et l’onde de choc ne manquerait pas de traverser l’Atlantique, plombant une reprise européenne déjà fragile après la crise du Covid et la guerre en Ukraine.

Face à ces risques, on peut espérer que le président Trump sera moins radical dans les actes que dans ses discours de campagne. Mais une chose est sûre : en matière économique comme sur tant d’autres sujets, le retour au pouvoir de l’imprévisible milliardaire ouvre une nouvelle période d’incertitude. Les prochains mois s’annoncent agités sur les marchés.

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