L’horloge tourne pour TikTok aux États-Unis. Le réseau social, pris dans un bras de fer géopolitique entre Washington et Pékin, est plus que jamais sur la sellette outre-Atlantique. Son destin américain est désormais suspendu à une décision de l’ancien président Donald Trump, qui pourrait sceller son sort dans les prochains jours.
TikTok dans la tourmente politique américaine
Depuis des mois, TikTok est dans le collimateur des autorités américaines. L’application, propriété du géant chinois ByteDance, est accusée de menacer la sécurité nationale en raison de ses liens avec Pékin. Washington redoute notamment que les données des utilisateurs américains ne tombent entre les mains du régime chinois.
Face à ces inquiétudes, le Congrès a adopté en avril dernier une loi obligeant TikTok à couper les ponts avec ByteDance s’il veut continuer à opérer aux États-Unis. Faute de quoi, l’application risque purement et simplement l’interdiction sur le sol américain. Un couperet qui doit tomber ce dimanche 19 juin.
Une décision entre les mains de Donald Trump
Mais à la surprise générale, c’est finalement l’ex-président Donald Trump qui pourrait avoir le dernier mot sur l’avenir de TikTok en Amérique. Vendredi, la Cour suprême a en effet confirmé que la loi adoptée par le Congrès était constitutionnelle, ouvrant ainsi la voie à son entrée en vigueur dès dimanche.
Donald Trump, qui avait fait de son bras de fer avec la Chine un marqueur de sa présidence, se retrouve donc en position d’arbitre sur ce dossier brûlant. Selon des sources proches du dossier, le milliardaire, toujours très influent dans les rangs républicains, serait pour l’heure plutôt enclin à laisser la loi suivre son cours. Ce qui signerait de fait la mort de TikTok aux États-Unis.
Les utilisateurs américains se mobilisent
Face à cette menace, les utilisateurs américains de TikTok sont montés au créneau ces derniers jours. Sur les réseaux sociaux, les appels à « sauver TikTok » se sont multipliés, avec force pétitions et messages appelant les élus à revenir sur leur décision.
Je ne peux pas imaginer ma vie sans TikTok. C’est là que je m’exprime, que je crée. Si l’appli disparaît, une partie de moi disparaîtra avec.
Samantha, utilisatrice américaine de TikTok
Mais malgré cette mobilisation, la pression politique pour bannir TikTok reste forte. De nombreux élus, républicains comme démocrates, restent déterminés à en finir avec ce qu’ils perçoivent comme une menace pour la sécurité nationale. Quitte à priver des millions d’Américains de leur réseau social favori.
Un enjeu qui dépasse largement TikTok
Car au-delà de TikTok, c’est bien la rivalité technologique entre les États-Unis et la Chine qui se joue en coulisses. Washington entend bien faire plier les géants chinois du numérique et réaffirmer sa suprématie dans ce domaine stratégique. Pékin, de son côté, dénonce une persécution injustifiée et promet des représailles.
Dans ce bras de fer, TikTok apparaît comme un pion sur l’échiquier géopolitique. Son bannissement serait un camouflet pour la Chine et un avertissement cinglant envoyé aux autres entreprises technologiques de l’empire du Milieu. Un scénario qui semble de plus en plus probable, sauf rebondissement de dernière minute.
Vers une recomposition du paysage des réseaux sociaux ?
La disparition de TikTok aux États-Unis laisserait en tout cas un grand vide dans le paysage des réseaux sociaux. Avec ses 150 millions d’utilisateurs américains, le réseau était devenu en quelques années un acteur incontournable, notamment auprès des plus jeunes.
Son bannissement pourrait profiter à ses concurrents, à commencer par les mastodontes américains comme Instagram (Meta) ou YouTube (Google), qui lorgnent depuis longtemps les parts de marché et les recettes publicitaires de TikTok. Mais aussi à de nouveaux entrants qui pourraient tenter de récupérer ses orphelins.
Une chose est sûre : la bataille politico-économique autour de TikTok préfigure les grands affrontements technologiques à venir entre Chine et États-Unis. Dans cette nouvelle guerre froide numérique, les réseaux sociaux sont en première ligne. Et leurs millions d’utilisateurs risquent d’en faire les frais.