Alors que le gouvernement s’efforce de juguler la hausse des arrêts maladie, un constat alarmant s’impose : l’absentéisme de longue durée ne cesse de progresser en France, mettant à rude épreuve les entreprises. Selon le dernier baromètre Ayming et Ag2r La Mondiale, les absences de plus de trois mois représentent désormais 61% de l’absentéisme global, un record. Si le taux d’absentéisme général a légèrement reculé en 2023, passant de 6,7% à 6,1%, la tendance de fond reste préoccupante avec une augmentation de 10% par rapport à l’avant-Covid.
Un phénomène qui touche tous les secteurs
Aucun secteur d’activité n’est épargné par cette vague d’absentéisme de longue durée. La santé et l’action sociale sont particulièrement impactées avec un taux de 8,1%, suivies par les services (6,4%) et l’industrie (5,5%). Les arrêts de travail coûtent plus de 100 milliards d’euros chaque année à la France, et près de 50% de cette somme est à la charge des entreprises. Au-delà du coût financier direct, l’absentéisme longue durée perturbe l’organisation du travail, réduit la productivité et peut affecter le moral des équipes.
Les causes multiples de l’absentéisme prolongé
Plusieurs facteurs expliquent cette recrudescence des absences longue durée :
- Le vieillissement de la population active, avec davantage de salariés confrontés à des problèmes de santé chroniques.
- L’intensification du travail et le stress qui l’accompagne, sources d’épuisement professionnel.
- Un certain désengagement des salariés post-Covid, surtout chez les jeunes générations en quête de sens.
Les arrêts de plus de 6 mois ont bondi de 37% en 2022. Une situation très préoccupante pour les entreprises.
Julien Damon, sociologue
Quelles solutions pour endiguer le phénomène ?
Face à ce défi, les entreprises doivent redoubler d’efforts en matière de prévention des risques et d’amélioration de la qualité de vie au travail. Parmi les pistes d’action :
- Renforcer les dispositifs de détection et d’accompagnement des salariés en difficulté.
- Proposer des aménagements de poste pour faciliter le retour des absents longue durée.
- Miser sur la formation des managers à la prévention des risques psychosociaux.
- Développer des programmes de bien-être au travail (activité physique, gestion du stress…).
Mais pour être pleinement efficaces, ces actions doivent s’inscrire dans une politique RH globale visant à renforcer l’engagement et la motivation des collaborateurs. Un véritable enjeu stratégique à l’heure où les entreprises peinent à recruter et fidéliser leurs talents.
Lutter contre l’absentéisme de longue durée est devenu un impératif économique et social pour les organisations. Cela passe par une approche préventive et une attention accrue portée à la santé et au bien-être des salariés. Un défi majeur pour les DRH, mais aussi une formidable opportunité de repenser les modes de management et de créer les conditions d’un travail plus épanouissant et performant.