Après plus d’une décennie de déficits chroniques, un vent nouveau souffle sur les comptes publics argentins. L’année 2024 s’est close sur un excédent budgétaire de 0,3% du PIB, une première depuis 2010. Un résultat inédit qui suscite autant d’espoirs que d’inquiétudes sur l’avenir économique du pays.
Thérapie de choc pour l’économie argentine
Au pouvoir depuis août 2023, le président Javier Milei, économiste autodéclaré « anarcho-capitaliste », a imposé un traitement de choc à l’économie argentine. Dévaluation massive du peso, coupes drastiques dans les dépenses publiques, dérégulation tous azimuts : les mesures prises ont surpris par leur radicalité.
Une politique assumée par le chef de l’État qui avait fait campagne avec la promesse d’un « déficit zéro », brandissant une tronçonneuse pour symboliser sa volonté de tailler dans les budgets. Promesse tenue pour ce « président qui hait l’État », au prix d’un ajustement titanesque représentant près de 5% du PIB en un an.
Austérité budgétaire : un premier bilan mitigé
Si l’excédent budgétaire est salué comme un exploit par le gouvernement Milei, son coût social et économique est lourd. La thérapie de choc a plongé le pays dans la récession, avec un PIB en repli de 2,1% au 3e trimestre 2024. Plus de 250 000 emplois ont été détruits et la pauvreté a explosé, touchant plus d’un Argentin sur deux au premier semestre.
Seule éclaircie à ce tableau sombre, l’inflation, mal endémique de l’économie argentine, a été réduite de moitié. Mais à 117,8% sur un an, elle reste l’une des plus élevées au monde, loin de l’objectif de stabilité des prix.
Cap sur 2025 : l’Argentine face à son destin
Malgré ce bilan en demi-teinte, le gouvernement mise sur un rebond de l’activité en 2025, tablant sur une croissance de 5%. Un pari audacieux alors que le pays doit renégocier sa dette auprès du FMI, après l’expiration fin 2024 du précédent plan d’aide de 44 milliards de dollars.
C’est tout l’enjeu de la visite de Javier Milei à Washington ce weekend, avant un déplacement à Davos. Le président argentin doit s’entretenir avec la directrice du FMI pour poser les bases d’un nouvel accord, déterminant pour l’avenir du pays. L’Argentine jouera là une partie de son destin économique, entre promesses de réformes et risques de dérapage.
Les promesses sont tenues. Le déficit zéro est une réalité. Vive la liberté, bordel !
Javier Milei, Président de l’Argentine, sur Instagram
Une chose est sûre : la thérapie de choc du « président anarchiste » constitue un pari risqué, dont l’Argentine pourrait payer le prix fort. Car derrière les chiffres triomphants du budget, c’est un pays plus pauvre et inégalitaire qui se dessine. Reste à savoir si l’excédent tant célébré sera le prélude d’une reprise durable ou le chant du cygne d’un modèle à bout de souffle. L’avenir économique de l’Argentine est plus que jamais suspendu à ce fil ténu entre rigueur et relance.