C’est un pavé dans la mare du commerce électronique mondial que vient de jeter l’administration américaine. Vendredi dernier, le gouvernement des États-Unis a dévoilé un projet de réforme des règles douanières s’appliquant aux petits colis importés. Une annonce qui fait grand bruit, tant elle pourrait redistribuer les cartes du e-commerce international.
Shein et Temu dans le viseur de Washington
Si ces nouvelles dispositions concernent l’ensemble des importations de faible valeur, deux noms sont particulièrement pointés du doigt par les autorités américaines : Shein et Temu. Ces deux plateformes chinoises, réputées pour leurs prix imbattables, sont accusées de profiter de façon excessive du régime d’exemption de droits de douane dont bénéficient actuellement les petits envois.
En effet, selon des sources proches du dossier, le nombre de colis entrant aux États-Unis sous ce régime dérogatoire a explosé ces dix dernières années, passant d’environ 140 millions en 2015 à plus de 1,3 milliard l’an dernier. Une hausse vertigineuse de 600% largement imputée à l’essor fulgurant des deux géants asiatiques du commerce en ligne.
Un « avantage déloyal » dénoncé
Pour la Maison Blanche, il est temps de mettre fin à ce qu’elle considère comme une concurrence déloyale. « Nous ne pouvons laisser des plateformes de commerce en ligne chinoises profiter d’un avantage déloyal alors que les entreprises américaines respectent les règles », a ainsi déclaré Lael Brainard, conseillère économique en chef du Président.
« Ces nouvelles règles sont un pas en avant important pour rééquilibrer les chances en faveur des travailleurs, revendeurs et fabricants américains. »
Lael Brainard, conseillère économique en chef de la Maison Blanche
Des failles sécuritaires pointées du doigt
Au-delà de l’aspect économique, c’est aussi un enjeu de sécurité et de santé publique qui est mis en avant par l’exécutif américain. Selon lui, les règles actuelles permettent à de nombreux produits dangereux ou illicites d’entrer sur le territoire, faute de contrôles suffisants.
Une préoccupation partagée par de nombreux élus du Congrès. Début septembre, plus de 120 parlementaires des deux bords avaient appelé à un durcissement des règles, soulignant notamment les risques liés à l’importation de fentanyl, puissant opiacé de synthèse à l’origine d’une grave crise sanitaire outre-Atlantique.
Quels changements à venir ?
Concrètement, le projet dévoilé vendredi prévoit plusieurs mesures pour mieux encadrer et contrôler le flux de petits colis :
- Exclusion des envois « sensibles » (sécurité, commerce…) du régime d’exemption
- Obligation d’un numéro d’identification spécial pour certains colis
- Renforcement des contrôles sur les produits importés
Ces propositions sont soumises à consultation publique pour une période de 60 jours. C’est donc le prochain gouvernement, qui prendra ses fonctions le 20 janvier après l’investiture du nouveau président, qui aura la charge de les mettre en œuvre… ou non. Un dossier brûlant qui figurera à n’en pas douter en bonne place sur le bureau du nouveau locataire de la Maison Blanche, quel qu’il soit.
Affaire à suivre donc, tant les répercussions pourraient être majeures pour le commerce en ligne mondial. Car si les géants chinois semblent pour l’heure être la cible principale, nul doute que d’autres acteurs du secteur suivront avec attention l’évolution de ce dossier. Un nouveau chapitre s’ouvre dans la grande bataille du e-commerce planétaire…