Trois jours avant l’investiture officielle de Donald Trump, le Premier ministre britannique Keir Starmer a lancé un appel au président américain élu. Dans des entretiens accordés au Financial Times et à Politico, il l’invite à ouvrir des discussions sur un potentiel accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et les États-Unis.
Un « graal » pour les Britanniques depuis le Brexit
Depuis sa sortie effective de l’Union européenne le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni nourrit en effet le rêve de conclure un grand traité commercial transatlantique. Keir Starmer a ainsi expliqué au Financial Times :
Notre ambition est de conclure une forme d’accord avec les États-Unis, un accord commercial. C’est sur ce point que nous nous concentrons.
Cependant, la concrétisation d’un tel partenariat reste très hypothétique à ce stade. Londres se montre notamment réticent à ouvrir ses frontières à certains produits américains, en particulier dans le secteur agricole.
L’administration Trump était disposée, pas celle de Biden
Si la première administration Trump s’était montrée ouverte à nouer un accord commercial avec le Royaume-Uni, allant même jusqu’à mener une série de négociations, la présidence de Joe Biden a en revanche laissé le processus péricliter ces dernières années.
Stephen Moore, l’un des plus anciens conseillers économiques de Donald Trump, a récemment laissé entrevoir la possibilité d’un accord sur la BBC. Mais à une condition : que les Britanniques fassent le bon choix entre « le modèle économique européen plus socialiste et le modèle américain davantage basé sur un système de libre entreprise ».
Il serait préférable que la Grande-Bretagne s’oriente davantage vers le modèle américain (…) cela encouragerait l’administration Trump à conclure un accord de libre-échange avec le Royaume-Uni.
Stephen Moore, conseiller économique de Donald Trump
Un moyen d’échapper à la hausse des droits de douane ?
Relancer les discussions sur un traité commercial pourrait aussi permettre à Londres d’échapper à la hausse des droits de douane promise par Donald Trump. Le nouveau président américain a en effet annoncé son intention d’augmenter les taxes de 10 à 20% sur l’ensemble des produits entrant aux États-Unis.
Keir Starmer a cependant tempéré les ardeurs dans Politico, expliquant avoir « dit clairement » à Donald Trump sa volonté de conclure un accord, tout en précisant : « l’investiture n’a pas encore eu lieu, alors voyons quelles seront les décisions prises à ce moment-là ».
De nombreux accords signés par le Royaume-Uni, mais pas avec les États-Unis
Depuis le Brexit, le Royaume-Uni est parvenu à conclure des traités commerciaux avec l’UE et d’autres pays européens, mais aussi avec des nations plus lointaines comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande ou Singapour. Le pays a également officiellement rejoint en décembre le partenariat transpacifique de libre-échange (CPTPP) qui compte désormais 12 membres.
En revanche, les discussions avec l’Inde traînent en longueur et celles avec le Canada ont même été suspendues début 2024, faute d’entente sur le volet agricole. Un accord avec les États-Unis, première puissance économique mondiale, reste donc le Graal pour les Britanniques.
Keir Starmer parviendra-t-il à convaincre Donald Trump de conclure le fameux « accord commercial du siècle » ? Réponse dans les prochains mois, une fois que le 45e président des États-Unis aura pris ses fonctions et précisé ses intentions en matière de politique commerciale internationale.