Les combats qui font rage dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ont plongé la région dans une crise humanitaire alarmante. Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), 237 000 personnes ont été déplacées depuis le début du mois de janvier en raison de l’escalade des violences. Une situation qui empire de jour en jour, laissant les populations dans un besoin désespéré d’aide.
Une crise humanitaire qui s’aggrave
L’est de la RDC est déchiré par des conflits depuis plus de 30 ans, mais ces derniers mois ont vu une intensification inquiétante des affrontements. Les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu sont particulièrement touchées, avec des combats entre groupes armés et l’armée congolaise qui ne font qu’empirer la situation des civils pris au piège.
Les déplacements massifs de population témoignent de l’ampleur de la crise. Plus de 150 000 personnes ont fui leurs foyers dans les territoires de Masisi et Lubero au Nord-Kivu lors de la première semaine de janvier. Beaucoup ont d’abord cherché refuge à Masisi avant d’être à nouveau déplacées par l’extension des violences. Au Sud-Kivu, ce sont 84 000 personnes qui ont dû quitter le territoire de Fizi.
L’escalade des affrontements intensifie l’une des crises humanitaires les plus alarmantes au monde, mais dont on ne parle pas assez, marquée par des violations généralisées des droits humains.
Le HCR dans un communiqué
Des conditions humanitaires désastreuses
Les populations déplacées se retrouvent dans une situation extrêmement précaire, avec des besoins criants en abris, nourriture, eau potable et soins médicaux. Mais l’insécurité et les barrages routiers limitent fortement l’accès des organisations humanitaires, les empêchant de fournir l’aide d’urgence nécessaire.
Les civils subissent le pire des violences, avec des bombardements aveugles faisant de nombreuses victimes dont des enfants. Les déplacés sont confrontés à un risque élevé de violences sexuelles et de recrutement forcé par les groupes armés. Même lorsqu’une accalmie semble se profiler, comme à Masisi début janvier, la reprise soudaine des affrontements replonge les habitants dans la peur et la fuite.
Le rôle controversé du M23 et du Rwanda
La résurgence fin 2021 du groupe rebelle M23 (« Mouvement du 23 mars ») a joué un rôle clé dans l’aggravation du conflit. Soutenu par le Rwanda qui aurait déployé des milliers de soldats à ses côtés, le M23 a conquis de larges portions de territoire dans l’est congolais, riche en ressources naturelles.
Considéré comme un « mouvement terroriste » par Kinshasa, le M23 continue de gagner du terrain malgré les contre-offensives de l’armée congolaise qui peine à reprendre le contrôle. Cette implication rwandaise alimente les tensions entre les deux pays et complique encore la résolution du conflit.
Un appel à l’aide internationale
Face à cette crise humanitaire majeure mais trop souvent oubliée, le HCR tire la sonnette d’alarme. L’agence des Nations Unies en appelle à la communauté internationale pour obtenir des fonds d’urgence. Son appel annuel pour la RDC n’est financé qu’à moins de 10% alors que les besoins explosent.
Sans un soutien accru, les organisations humanitaires ne pourront pas répondre efficacement à l’ampleur des besoins et soulager les souffrances de centaines de milliers de déplacés. La communauté internationale doit se mobiliser d’urgence pour éviter que cette tragédie silencieuse ne devienne un désastre humanitaire incontrôlable.
La crise dans l’est de la RDC illustre de façon poignante les ravages des conflits armés sur les populations civiles. Derrière les chiffres effarants se cachent d’innombrables drames humains. Chaque personne déplacée est une vie bouleversée, une famille séparée, un avenir brisé. Il est plus que temps de briser le silence assourdissant qui entoure leur détresse et d’agir.
