C’est un retour chargé de symboles. Le 6 août 2020, seulement deux jours après l’explosion au port de Beyrouth qui avait fait plus de 220 morts et ravagé la capitale libanaise, Emmanuel Macron foulait les rues dévastées du quartier de Gemmayzé. Acclamé tel un héros par une foule en détresse, le président français avait alors incarné un immense espoir pour un peuple exsangue.
Ce vendredi, près de quatre ans plus tard, le chef de l’État est revenu sur les lieux du drame. Mais dans une atmosphère bien différente. Si l’accueil reste bienveillant, l’effervescence et le sentiment d’urgence ont laissé place à une forme de résignation. « Il a fallu quatre ans pour qu’il accouche », lâche Emmanuel Macron à une habitante qui l’interpelle, faisant référence aux atermoiements politiques qui ont longtemps paralysé le pays du Cèdre.
Le Liban à la croisée des chemins
Car le Liban se trouve aujourd’hui à un tournant. La semaine dernière, après deux ans et demi de vacance du pouvoir, les députés sont enfin parvenus à élire un nouveau président de la République en la personne du général Joseph Aoun. Une étape cruciale saluée par Emmanuel Macron.
C’est une nouvelle ère qui commence.
Emmanuel Macron
Dans ce quartier à majorité chrétienne, le président français exhorte à saisir cette opportunité. Il met toutefois en garde : cet « espoir » ne doit pas « se perdre à nouveau dans les sables mouvants des arrangements » politiques, au risque de faire dérailler la formation d’un nouveau gouvernement.
La France aux côtés du Liban
Malgré les désillusions passées, Emmanuel Macron réaffirme l’engagement de la France envers le Liban. Une promesse symbolisée par sa présence dans ce quartier emblématique, où la reconstruction a été en partie financée par des fonds français.
Entre deux selfies avec les habitants et une dégustation de pâtisseries locales, le président glisse : « Le Liban est cher à mon cœur ». Un attachement qu’il entend traduire par des actes, alors que le pays reste englué dans une crise économique et sociale sans précédent.
Un défi immense
La tâche s’annonce ardue. Le Liban croule sous une dette colossale et peine à enrayer la dégringolade de sa monnaie. La moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Les infrastructures de base, de l’électricité à l’eau potable en passant par les télécommunications, se délitent.
Face à l’ampleur des défis, Emmanuel Macron appelle à agir vite. Un sentiment d’urgence partagé par nombre de Libanais, lassés par des décennies d’immobilisme et de corruption. Mais aussi par la communauté internationale, qui conditionne son aide à des réformes profondes.
Quelque chose se passe.
Un commerçant du quartier de Gemmayzé
Malgré tout, une lueur d’espoir semble poindre. Dans les rues de Gemmayzé, un commerçant confie ainsi à Emmanuel Macron que « quelque chose se passe ». Le début d’un renouveau pour le pays du Cèdre ? L’avenir le dira. Mais une chose est sûre : quatre ans après le drame, le Liban n’a pas été oublié.
