Près de quatre années se sont écoulées depuis l’effroyable explosion qui a soufflé le port de Beyrouth et une partie de la ville, faisant plus de 220 morts et 6500 blessés. Ce vendredi, le président français Emmanuel Macron est revenu sur les lieux du drame, dans le quartier de Gemmayzé, là même où il avait été accueilli en héros quelques jours seulement après la catastrophe du 4 août 2020. Mais l’ambiance n’est plus la même.
Du statut de sauveur à l’attente d’un nouveau départ
En ce mois d’août 2020, parmi les décombres et la désolation, la venue d’Emmanuel Macron avait suscité un immense espoir au sein de la population libanaise. Beaucoup voyaient en lui le seul capable de sortir le pays du marasme, de bousculer une classe politique jugée corrompue et responsable du drame. « Aidez-nous ! Vous êtes le seul espoir » scandait la foule. Des mots lourds de sens que le chef de l’État français n’a pas oubliés.
J’étais ici le 6 août 2020 et je n’oublie rien.
Emmanuel Macron, le 23 juin 2023 à Beyrouth
Pourtant, malgré un second déplacement trois semaines plus tard pour tenter de mettre la pression sur les partis politiques libanais, les espoirs ont vite été douchés. Sans gouvernement, le Liban s’est enfoncé dans une crise économique et sociale sans précédent.
Le quartier de Gemmayzé renaît grâce aux habitants
Quatre ans plus tard, le quartier de Gemmayzé, épicentre de la vie nocturne beyrouthine, a retrouvé des couleurs. Les bars et restaurants ont rouvert, les façades ont été rénovées. Mais c’est surtout grâce à l’opiniâtreté des habitants et au soutien d’ONG que cette renaissance a été possible, parfois avec des financements français. Emmanuel Macron a pu constater cette détermination en découvrant des photos avant/après des lieux emblématiques.
Entre déception et lueur d’espoir
Malgré tout, la déception est palpable chez ceux qui avaient cru au sursaut après le 4 août. Une habitante blessée lors de l’explosion interpelle Emmanuel Macron : « Le 6 août, quand vous êtes venus, on a été très déçus ». Le chef de l’État concède : « Il a fallu quatre ans pour qu’il accouche ». Mais l’élection d’un nouveau président, le général Joseph Aoun, après 2 ans de vacance du pouvoir, est vue comme « une nouvelle ère qui commence ». De quoi raviver une « lueur d’espoir » que le président français appelle de ses vœux, tout en mettant en garde contre « les sables mouvants des arrangements politiques » qui pourraient à nouveau paralyser le pays.
La France toujours présente aux côtés du Liban
Au-delà des selfies et des élans d’affection, la visite d’Emmanuel Macron se veut un signal fort : la France n’abandonne pas le Liban malgré les immenses défis à relever. Dans ce quartier majoritairement chrétien, une dame confie : « La France c’est notre maman ». Un message qu’Emmanuel Macron veut faire passer en assurant qu’il faut « aller vite » pour ne pas décevoir à nouveau les attentes des Libanais. Car comme il l’a glissé à une dame âgée, « le Liban est cher à mon cœur ». Un attachement qui devra plus que jamais se traduire en actes pour aider le pays du Cèdre à se relever après avoir touché le fond.