Face à la menace grandissante que représente la Russie, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine, la Lituanie a décidé de muscler significativement son budget alloué à la défense. Le président lituanien, Gitanas Nauseda, a en effet annoncé que son pays consacrerait annuellement entre 5 et 6% de son produit intérieur brut (PIB) au financement des besoins de défense, sur la période 2026-2030. Une décision forte pour ce petit état balte qui entend ainsi renforcer sa sécurité et sa capacité de dissuasion.
Un budget défense en hausse constante
Comme de nombreux pays d’Europe de l’Est, en première ligne face à la Russie, la Lituanie a progressivement augmenté ses dépenses militaires ces dernières années. Membre de l’OTAN, elle se conforme ainsi aux recommandations de l’Alliance qui appelle ses membres à porter leur effort de défense à au moins 2% du PIB. Mais la Lituanie va désormais bien au-delà.
D’après une source proche du gouvernement lituanien, le pays devrait dépenser entre 3 et 4% de son PIB pour sa défense en 2025, avant de passer la vitesse supérieure pour atteindre 5 à 6% sur la période 2026-2030. Un effort budgétaire colossal quand on sait que la moyenne des pays de l’OTAN se situe actuellement autour de 1,6% du PIB.
L’exemple polonais
Dans cette course à l’armement défensif, la Lituanie s’inspire de l’exemple de son voisin polonais. La Pologne est en effet le bon élève de l’OTAN en matière de dépenses de défense, y consacrant 4,12% de son PIB l’an dernier, un record. Varsovie compte même porter cet effort à 4,7% en 2025.
Pour le président lituanien, il est vital d’emboîter le pas à la Pologne. « Nous appelons nos alliés à suivre l’exemple. L’ère des stratégies passives d’attente est révolue », a martelé Kestutis Budrys, le ministre lituanien des Affaires étrangères. Un appel du pied à peine voilé aux autres membres de l’OTAN pour qu’ils revoient également à la hausse leurs budgets défense.
Prochaine cible de Moscou ?
Si la Lituanie se montre aussi déterminée, c’est qu’elle redoute plus que tout d’être la prochaine cible de la Russie, si cette dernière parvenait à ses fins en Ukraine. Avec seulement 2,8 millions d’habitants, le petit pays balte fait figure de David face au Goliath russe. Mais il entend bien ne pas se laisser faire.
La probabilité d’une agression militaire russe reste réelle, mais elle n’est pas inévitable. Nous devons intensifier considérablement nos efforts pour renforcer nos capacités de défense et de dissuasion
Gitanas Nauseda, président de la Lituanie
Pour le chef de l’état lituanien, l’appartenance à l’OTAN est certes un atout, mais ne dispense pas son pays de se prendre en main pour assurer sa propre défense. « Notre sécurité est assurée par notre appartenance à l’OTAN, mais elle ne sera efficace que si nous sommes prêts à nous défendre nous-mêmes », a-t-il souligné.
Développer une véritable division militaire
Concrètement, la manne budgétaire supplémentaire doit permettre à la Lituanie de se doter d’une véritable division militaire digne de ce nom. Cela passera notamment par l’acquisition de nouveaux chars et véhicules de combat d’infanterie. Le pays a d’ores et déjà passé commande de 44 chars allemands Leopard et entamé des négociations avec la Suède pour l’achat de véhicules CV90.
L’objectif in fine est de dissuader la Russie de toute velléité d’agression envers la Lituanie, en lui opposant une force de frappe crédible. Une condition sine qua non pour préserver la souveraineté et l’intégrité territoriale de ce petit pays balte, qui a déjà payé un lourd tribut sous le joug soviétique et entend bien ne plus jamais revivre pareille épreuve.