ActualitésInternational

Gaza : L’aide humanitaire face à de lourds défis malgré le cessez-le-feu

Malgré l'espoir suscité par le cessez-le-feu à Gaza, les organisations humanitaires craignent de faire face à d'immenses défis pour venir en aide aux Palestiniens dans le besoin. Des centaines de camions attendent de pouvoir entrer, mais la situation reste précaire...

L’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas a fait naître l’espoir de voir l’aide humanitaire atteindre les Palestiniens durement éprouvés à Gaza. Cependant, les organisations humanitaires redoutent de devoir surmonter des obstacles considérables pour mener à bien leur mission dans l’enclave palestinienne.

Des centaines de camions d’aide bloqués à la frontière

Selon une source du Croissant-Rouge égyptien, entre 700 et 1000 camions chargés d’aide humanitaire attendent actuellement du côté égyptien de la frontière avec Gaza. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a appelé à une distribution rapide de cette aide vitale.

Toutefois, les travailleurs humanitaires se montrent sceptiques quant à la faisabilité d’une telle opération logistique dans le contexte actuel. D’après Amande Bazerolle de Médecins Sans Frontières, la promesse de faire entrer 600 camions par jour à Gaza n’est techniquement pas réalisable en raison de la destruction des infrastructures à Rafah.

Le pillage, un autre défi pour l’acheminement de l’aide

Outre les difficultés logistiques, les organisations humanitaires doivent aussi composer avec les risques de pillage. En effet, il n’est pas rare que des bandes armées ou des civils désespérés s’emparent des cargaisons d’aide à leur arrivée à Gaza. Mme Bazerolle souligne que les frappes israéliennes ayant ciblé les forces de police, plus personne n’est en mesure d’assurer la protection des convois humanitaires.

Des besoins immenses face à des capacités limitées

Dans ce territoire surpeuplé où la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés au moins une fois, l’ampleur des besoins dépasse largement les capacités d’intervention des acteurs humanitaires. Comme l’explique Mohamed Khatib de Medical Aid for Palestine :

Tout a été détruit, les enfants sont dans les rues, on ne peut pas se contenter d’une seule priorité.

Dans les abris de fortune installés dans les écoles, les maisons bombardées et les cimetières, des centaines de milliers de personnes manquent du strict minimum. Gavin Kelleher du Conseil norvégien pour les réfugiés indique que son organisation va devoir se concentrer en priorité sur la fourniture de bâches et de matériel pour colmater les brèches dans les abris précaires.

Une situation encore plus critique dans le nord de Gaza

Dans le nord de l’enclave palestinienne, la situation apparaît encore plus désastreuse. Selon les ONG, Israël a refusé la quasi-totalité de leurs demandes d’accès à cette zone où environ 10 000 personnes restent bloquées. MSF espère pouvoir y envoyer des équipes afin d’atteindre les patients là où ils se trouvent.

M. Khatib s’attend à un « déplacement massif de la population » du nord de Gaza si le cessez-le-feu perdure. Beaucoup risquent de trouver leur quartier entièrement rasé, sans aucun service essentiel, eau potable, nourriture ou abri.

Un nouveau chapitre de souffrance qui s’ouvre

Si le cessez-le-feu représente un « moment d’espoir et d’opportunité » selon le responsable de l’ONU Tom Fletcher, les acteurs humanitaires restent lucides. Comme le résume M. Khatib de MAP :

Nous savons que la souffrance va continuer, nous fermons un chapitre de souffrance et en ouvrons un autre, mais au moins il y a un espoir de voir le bain de sang cesser.

Malgré la trêve, le chemin vers le relèvement et la reconstruction de Gaza s’annonce long et difficile pour une population palestinienne meurtrie par ce nouveau cycle de violences.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.