C’est un soulagement teinté d’une immense lassitude qui s’est emparé des Israéliens et des Palestiniens à l’annonce, ce mercredi, d’un cessez-le-feu à Gaza après 15 mois d’un conflit dévastateur. Un répit inespéré, négocié dans la douleur par une médiation internationale, mais qui laisse de nombreuses questions en suspens. Car si les armes doivent se taire ce dimanche, le chemin vers une paix durable semble encore semé d’embûches.
Un accord fragile aux points encore flous
Selon des sources proches du dossier, cette trêve, âprement discutée par l’entremise du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, prévoit un cessez-le-feu intégral ainsi qu’un échange de prisonniers et d’otages palestiniens. Mais plusieurs zones d’ombre persistent, retardant d’ailleurs l’approbation finale du gouvernement israélien initialement prévue jeudi matin.
En effet, certains points de l’accord font déjà débat, notamment le calendrier et les modalités de libération des captifs. Les familles oscillent entre espoir et appréhension, comme en témoigne un proche d’un otage :
Après 470 jours d’angoisse, on veut y croire. Mais tant qu’ils ne sont pas rentrés, on retient notre souffle. On s’inquiète pour leur santé, pour les séquelles invisibles…
Le Hamas affaibli mais toujours debout
De son côté, Israël peut se targuer d’avoir drastiquement réduit la menace en provenance de Gaza à l’issue de cette guerre d’usure. Mais le Hamas, bien qu’acculé, n’a pas été anéanti. Selon un expert de la région :
Israël ne remporte pas une victoire décisive. Le Hamas garde des capacités de nuisance et un vivier de nouvelles recrues pour les années à venir. Le rapport de force peut encore évoluer.
Gaza meurtrie et exsangue
Par ailleurs, l’ampleur des dégâts laisse présager une situation humanitaire catastrophique dans l’enclave palestinienne. Après 15 mois d’une guerre d’une rare intensité, le bilan s’annonce très lourd :
- Plus de 30 000 civils palestiniens tués
- Des infrastructures vitales dévastées
- Un manque criant d’eau, de nourriture et d’électricité
- Des centaines de milliers de déplacés sans abri
La reconstruction de Gaza s’annonce titanesque et son financement, un casse-tête géopolitique. Les pays donateurs sont échaudés par les échecs passés et réclament des garanties pour empêcher le Hamas de se réarmer, un équilibre périlleux.
Vers une reprise du processus de paix ?
Au-delà du cessez-le-feu, la question de la relance des négociations de paix reste entière. Beaucoup doutent d’un déblocage rapide, comme l’analyse un diplomate européen :
Les conditions ne sont pas réunies. Avec un gouvernement israélien fragilisé et un Hamas renforcé auprès de l’opinion, difficile d’imaginer des concessions d’ampleur. On risque de rester dans un statu quo précaire.
Pourtant, sans avancée politique, le risque d’un nouvel embrasement à moyen terme est réel. Car si les armes se taisent, les racines du conflit, elles, demeurent. Seule une reprise courageuse du dialogue pourrait offrir une perspective à deux peuples épuisés par des décennies d’affrontements. Un défi immense, que cette trêve ne fait qu’esquisser.