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La Boulangerie en Prison : Un Outil de Réinsertion Innovant

Au cœur d'une prison française, une boulangerie pas comme les autres redonne espoir aux détenus. Découvrez comment ce projet novateur les aide à se reconstruire et à préparer leur avenir...

Au cœur du centre de détention de Châteaudun, à quelques kilomètres de Paris, se trouve une boulangerie pas comme les autres. Ici, pas de boulangers professionnels derrière les fourneaux, mais des détenus en quête de réinsertion et d’un nouveau départ. Reportage sur cette initiative innovante qui redonne espoir à ceux qui en ont le plus besoin.

Une boulangerie pour se reconstruire

Chaque matin, entre 7h30 et 11h30, ils sont une poignée de détenus en tenue blanche à se relayer aux différents postes de la boulangerie. Pétrissage, façonnage, cuisson… Ils s’activent pour produire pas moins de 700 baguettes quotidiennes destinées à leurs codétenus et au personnel pénitentiaire. Un travail exigeant mais ô combien gratifiant pour ces hommes en quête de repères.

Car ici, il ne s’agit pas seulement de faire du pain. L’objectif est avant tout de permettre à ces détenus d’apprendre un métier et de préparer leur réinsertion future. Après plusieurs mois de formation, les apprentis boulangers peuvent ainsi décrocher un certificat de qualification professionnelle, un précieux sésame pour trouver un emploi à leur sortie de prison.

Morgan, 13 ans de prison et un nouveau départ

Morgan fait partie de ces détenus qui ont trouvé un nouveau sens à leur peine grâce à la boulangerie. Entré en détention à l’âge de 13 ans, il a enchaîné les prisons avant d’atterrir à Châteaudun. « Sans la boulangerie, j’avais du mal à trouver ma place. J’ai appris ce métier de A à Z, dans lequel j’ai trouvé un sens. C’est tellement important de se sentir utile », confie-t-il, les mains encore pleines de farine.

Au fil des semaines, Morgan a retrouvé une discipline et appris à avoir confiance en lui. Les compliments de ses collègues sur son travail l’aident à avancer. « Ça n’a pas toujours été le cas », reconnaît-il pudiquement. Mais Morgan veut maintenant aller de l’avant, fort de sa formation et de sa détermination.

Jérôme, le boulanger qui transmet sa passion

Derrière ces apprentis pas comme les autres, il y a Jérôme Galerne. Ce boulanger professionnel a choisi de transmettre son savoir-faire à ces détenus en quête de repères. Pendant 25 ans, il a pétri et façonné le pain. Aujourd’hui, c’est à ses élèves qu’il inculque les gestes et les règles du métier, jusqu’à l’obtention de leur diplôme.

Ici, on ne juge pas, on apprend à de nouveau respecter le travail et les horaires. On met tout en oeuvre pour que ces gars aient une seconde chance.

Jérôme Galerne, boulanger formateur

Un engagement essentiel quand on sait que 52% des personnes incarcérées en 2020 ne disposaient d’aucun diplôme. La boulangerie, c’est le point de départ d’une nouvelle vie pour beaucoup.

LK, fils de boulanger et rêve d’entreprise

LK, lui, est un fils de boulanger. En prison, il renoue avec son rêve de jeunesse : « Monter une boulangerie qui ferait travailler d’anciens détenus. En sortant, j’ai envie d’aider comme on m’a aidé ». Un projet ambitieux mais qui en dit long sur l’impact de cette initiative.

Les gens ont une certaine image de la prison, mais il y en a beaucoup qui ont envie de s’en sortir.

LK, détenu apprenti boulanger

Un « exutoire » et une source d’espoir

Pour Laurent Jegot, surveillant en charge des activités, cette boulangerie est un véritable « exutoire » pour les détenus. La demande est telle que pour chaque place qui se libère, ce sont près de 300 candidatures qui arrivent sur son bureau. Les heureux élus passeront en moyenne 8 mois dans le fournil, le temps d’apprendre et de se reconstruire.

Omar, lui, est un ancien boulanger. Derrière les barreaux, il s’évade en replongeant les mains dans la farine. « Travailler ici permet de moins penser. Il n’y a pas de triche : si tu fais mal ton travail, le résultat n’est pas bon ». Un constat simple mais qui résonne comme une leçon de vie. À sa sortie, lui aussi rêve d’ouvrir sa boulangerie. « Peut-être qu’en gérant mon commerce, ça m’évitera de refaire des conneries… »

En attendant, Omar, LK, Morgan et les autres continuent de pétrir leur avenir, une baguette après l’autre. Dans cette prison pas comme les autres, on ne façonne pas que du pain, on façonne aussi des hommes prêts à reprendre leur vie en main. Un bel exemple de réinsertion qui mérite d’être souligné et encouragé.

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