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Cessez-le-feu à Gaza : L’accord signé sous haute tension

Un cessez-le-feu entre Israël et Gaza a été signé, mais son application reste incertaine. Les familles des otages du Hamas espèrent leur libération, tandis que Netanyahou joue la montre. Trump s'attribue le mérite de l'accord.

C’est un cessez-le-feu à hauts risques qui est entré en vigueur entre Israël et les factions palestiniennes de la bande de Gaza. Après des semaines d’intenses négociations sous l’égide de l’Égypte et des pressions américaines, un accord a finalement été trouvé pour mettre fin aux hostilités qui ont secoué la région ces derniers mois. Mais sur le terrain, la situation reste extrêmement tendue et l’application de la trêve soulève de nombreuses incertitudes.

Netanyahou joue la montre sur l’application de l’accord

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a confirmé la signature de l’accord, tout en se gardant d’évoquer son entrée en vigueur immédiate. Selon des sources proches du gouvernement, la coalition au pouvoir serait divisée sur les modalités d’application du cessez-le-feu. Les faucons du Likoud, le parti de Netanyahou, réclameraient des garanties supplémentaires de la part du Hamas avant tout allègement du blocus sur Gaza.

Cette posture attentiste suscite l’impatience des familles des soldats et des civils israéliens détenus par le Hamas. Elles espèrent que la trêve débouchera rapidement sur des négociations pour la libération de leurs proches, certains retenus depuis plusieurs années. Mais selon des analystes, Netanyahou pourrait être tenté de faire traîner le processus, pour ne pas apparaître en position de faiblesse à l’approche des élections législatives prévues en mars.

Trump s’attribue le mérite de l’accord

De l’autre côté de l’Atlantique, le président américain Donald Trump a salué « un grand jour pour le Moyen-Orient ». Dans un tweet, il s’est attribué le mérite d’avoir « mené à bien cet accord historique », et a invité les dirigeants israéliens et palestiniens à une cérémonie de signature à la Maison Blanche.

Sans l’implication directe des États-Unis, cet accord n’aurait jamais pu voir le jour. L’Amérique est de retour comme force de paix dans la région.

Donald Trump, président des États-Unis

Selon des diplomates, la pression de l’administration Trump sur Israël et l’Égypte aurait été décisive pour arracher un compromis in extremis. Mais certains doutent de la solidité de l’engagement américain, alors que le président a annoncé le retrait des troupes américaines de la région et que ses relations avec Netanyahou se sont dégradées ces derniers mois.

Gaza entre espoirs et scepticisme

Dans la bande de Gaza, la population oscille entre le soulagement et la méfiance. Après des mois de blocus renforcé et de bombardements israéliens, beaucoup aspirent à un retour au calme et à une amélioration de leurs conditions de vie. Mais les promesses non tenues des accords passés alimentent le scepticisme sur la capacité de ce énième cessez-le-feu à résoudre les problèmes de fond.

On en a marre de ces accords qui ne changent rien sur le terrain. Ce qu’il faut, c’est la levée du siège et la fin de l’occupation. Sinon, la trêve ne tiendra pas longtemps.

Ahmad, habitant de Gaza

Le Hamas et le Jihad islamique, les deux principaux mouvements armés de l’enclave palestinienne, affirment avoir obtenu des « garanties » de la part d’Israël sur un allègement des restrictions et une augmentation de l’aide humanitaire. Mais ils préviennent aussi qu’ils n’hésiteront pas à reprendre les armes en cas de « violation » des engagements israéliens.

La communauté internationale appelle à une « paix durable »

Au-delà de la trêve immédiate, la communauté internationale plaide pour une relance du processus de paix israélo-palestinien, dans l’impasse depuis des années. L’ONU, l’Union européenne et plusieurs pays arabes ont salué le cessez-le-feu tout en soulignant la nécessité de s’attaquer aux « causes profondes » du conflit.

Ce cessez-le-feu doit être le point de départ d’efforts diplomatiques sincères pour parvenir à une paix juste et durable, basée sur la solution à deux États. La communauté internationale est prête à y contribuer.

Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU

Mais sur le terrain, les obstacles à une reprise du dialogue restent immenses, entre occupation, colonisation, divisions inter-palestiniennes et poussée des extrêmes dans les deux camps. Et le manque de volonté politique des dirigeants israéliens et palestiniens, focalisés sur leur survie à court terme, rend improbable toute avancée décisive à ce stade.

Les défis de « l’après-cessez-le-feu »

Au-delà de son application immédiate, qui reste soumise à de fortes incertitudes, le cessez-le-feu à Gaza ne règlera pas comme par magie les multiples défis auxquels sont confrontés Israéliens et Palestiniens. Parmi les questions les plus épineuses :

  • La levée durable du blocus de Gaza et la reconstruction de l’enclave dévastée, conditionnées par le Hamas à des progrès politiques que rechigne à faire Israël.
  • Le sort des prisonniers israéliens aux mains du Hamas, et celui des milliers de détenus palestiniens dans les geôles israéliennes, au cœur d’intenses marchandages.
  • La poursuite de la colonisation et les tensions à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée, qui menacent d’embraser à tout moment les Territoires palestiniens.
  • L’unité palestinienne et l’organisation d’élections, maintes fois repoussées, pour sortir les institutions de leur déliquescence et restaurer leur légitimité.

Sans avancées concrètes sur ces dossiers, le cessez-le-feu à Gaza a peu de chances de déboucher sur une paix durable. Au contraire, il pourrait n’être qu’une énième pause dans un cycle chronique d’affrontements, sur fond d’occupation qui perdure depuis plus d’un demi-siècle.

Après des mois d’escalade meurtrière, Israéliens et Palestiniens retiennent donc leur souffle, partagés entre l’espoir d’un répit même temporaire et la crainte de lendemains qui déchantent. Car cette trêve à hauts risques reste suspendue à des calculs politiques à court terme et à des rapports de forces sur le terrain, bien plus qu’à une volonté sincère de compromis et de réconciliation. La route vers la paix, si tant est qu’elle existe encore, s’annonce longue et semée d’embûches.

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