Aux quatre coins de l’hémicycle, des eurodéputés d’extrême droite ne cachent pas leur fascination pour Elon Musk. Certains vont jusqu’à relayer ses attaques contre des dirigeants européens, suscitant un malaise grandissant au sein du Parlement européen.
Les « mini Musk » du Parlement
Parmi eux, un élu de 24 ans fait parler de lui pour ses vidéos provocatrices sur YouTube et ses prises de position anti-système. Proche des idées de Musk sur la liberté d’expression, il assume son admiration pour le milliardaire américain dont il a réussi à obtenir une photo.
D’autres élus d’extrême droite se font également les porte-voix d’Elon Musk, n’hésitant pas à utiliser les réseaux sociaux pour propager ses accusations contre des responsables politiques. Un soutien qui s’est notamment illustré dans l’affaire du harcèlement visant le leader travailliste britannique Keir Starmer.
Une influence qui divise
Cette fascination pour le patron de Tesla ne fait toutefois pas l’unanimité, y compris au sein de l’extrême droite européenne. Si les élus hongrois, néerlandais ou autrichiens se montrent enthousiastes, leurs homologues français du Rassemblement National restent plus mesurés.
On n’a aucune naïveté, on sait que ce sera « America First » et qu’ils défendront les Américains, quitte à piétiner l’Europe.
Un cadre du RN
Le ver est dans le fruit
Au-delà des clivages partisans, l’influence d’Elon Musk inquiète de nombreux élus qui y voient une menace pour la souveraineté européenne. D’autant que le milliardaire n’hésite pas à prendre parti dans les scrutins nationaux, comme lors des élections régionales allemandes en soutenant l’AfD, le parti d’extrême droite.
Face à ces ingérences, un débat est prévu ce mardi au Parlement européen. L’occasion pour une majorité d’eurodéputés de dénoncer l’interventionnisme de Musk et d’appeler à sanctionner le réseau social X en cas d’entorses au règlement sur le numérique (DSA). Mais pour certains élus, « le ver est déjà dans le fruit ».
Des tentatives de récupération
Plusieurs eurodéputés proches des idées de Musk ont d’ailleurs lancé des initiatives pour le défendre. Parmi elles, une demande d’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur la « censure des réseaux sociaux » ou encore une lettre ouverte réclamant son invitation dans l’hémicycle.
Des tentatives de récupération politique qui font craindre une forme de complaisance envers le milliardaire, bien au-delà des rangs de l’extrême droite. Pour beaucoup, l’enjeu est de préserver l’indépendance et la crédibilité du Parlement face aux pressions extérieures.
L’Europe face au défi des ingérences
Au final, l’affaire Musk révèle les failles du système démocratique européen, de plus en plus exposé aux ingérences étrangères. Un constat qui appelle à renforcer les garde-fous, tant sur le plan réglementaire qu’éthique, pour protéger les institutions des influences extérieures.
Car derrière la fascination exercée par Elon Musk, c’est bien la question de la souveraineté numérique européenne qui se pose. Un défi majeur pour l’UE, à l’heure où les géants du web américains étendent leur emprise sur le Vieux Continent. Le débat ne fait que commencer.