Un responsable de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a révélé jeudi l’ampleur des fonds qui seront nécessaires pour rebâtir le système de santé à Gaza, mis à mal par plus de 15 mois d’un conflit dévastateur entre le Hamas et Israël. Selon une évaluation initiale, il faudra plus de 10 milliards de dollars répartis sur les 5 à 7 prochaines années pour remettre les infrastructures sur pied.
« Je n’ai pas été surpris car les besoins sont massifs » a déclaré Rik Peeperkorn, responsable de l’OMS pour les territoires palestiniens, insistant sur le fait que les destructions à Gaza sont d’une ampleur inédite. « Je n’ai jamais vu cela ailleurs dans ma vie ».
Une responsabilité collective
Pour le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, la reconstruction de Gaza est une « responsabilité collective des États membres » de l’organisation, « y compris Israël » mais aussi de tous les partenaires. Il a souligné que moins de la moitié des hôpitaux de Gaza sont actuellement fonctionnels suite aux dommages subis.
Un accord de cessez-le-feu a été annoncé mercredi, prévoyant dans un premier temps la libération de 33 otages palestiniens retenus à Gaza en échange de 1000 prisonniers palestiniens détenus par Israël. Bien que l’accord ne doive entrer en vigueur que dimanche, le chef de l’OMS a appelé les deux parties à respecter un arrêt immédiat des hostilités.
Nouvelle escalade et bilan humain lourd
Mais jeudi, Israël a accusé le Hamas de reculer sur l’accord et a mené de nouvelles frappes sur Gaza, avant une réunion gouvernementale pour approuver les termes du cessez-le-feu. Un nouveau rebondissement dans un conflit qui a fait plus de 48 000 morts depuis son déclenchement le 7 octobre 2023.
Selon un décompte basé sur des données officielles, 1210 personnes ont été tuées côté israélien, en majorité des civils, sans compter 94 otages qui seraient morts en captivité sur les 251 enlevés le jour de l’attaque initiale du Hamas. Dans la bande de Gaza, au moins 46 788 personnes, principalement des civils là aussi, ont péri dans la vaste campagne militaire de représailles menée par Israël.
« La fin du chapitre le plus sombre »
Si l’arrêt des combats se confirme, il marquera selon le directeur de l’OMS « la fin du chapitre le plus sombre de l’histoire des relations entre Israéliens et Palestiniens ». Mais la reconstruction de Gaza, en particulier de son système de santé dévasté, s’annonce titanesque au vu de l’ampleur des dégâts et de l’instabilité chronique dans la région, régulièrement secouée par des affrontements meurtriers.
« Plus de 3 milliards de dollars seront nécessaires rien que pour la première année et demie » de travaux selon les chiffres de l’OMS. Un montant colossal qui en dit long sur l’état de délabrement des infrastructures après ces longs mois de pilonnage et d’affrontements.
Un avenir incertain pour Gaza
De nombreuses questions restent en suspens quant à la capacité de la communauté internationale à mobiliser de tels fonds, alors que d’autres crises majeures accaparent l’attention et les ressources. La stabilité de tout cessez-le-feu entre le Hamas et Israël demeure également fragile.
Mais sans investissement massif et rapide pour restaurer des services de santé fonctionnels, c’est toute une population déjà meurtrie et précarisée par ce énième conflit qui risque de sombrer encore davantage. Une sombre perspective pour l’avenir de Gaza et de ses habitants.