Le Parti socialiste traverse une zone de turbulences. Tiraillés entre la volonté de sanctionner immédiatement le gouvernement Bayrou et celle d’obtenir des concessions, les députés PS doivent trancher. Un choix cornélien qui n’est pas sans raviver certaines tensions au sein du Nouveau Front populaire.
Le dilemme des socialistes : censurer ou négocier ?
Depuis plusieurs jours, un débat anime les rangs du Parti socialiste. Faut-il voter sans délai la motion de censure contre le gouvernement Bayrou ou privilégier la voie de la négociation pour arracher des concessions ? Deux lignes s’affrontent.
D’un côté, une frange des députés PS, estimant la déclaration de politique générale du Premier ministre insuffisante, plaide pour une sanction immédiate. De l’autre, le premier secrétaire Olivier Faure et ses proches défendent l’idée de poursuivre les discussions jusqu’au vote, quitte à s’attirer les foudres de leurs alliés.
Les concessions de Bayrou, un lot de consolation ?
Pour tenter d’amadouer les socialistes réfractaires, François Bayrou a lâché du lest sur plusieurs points, s’engageant à reprendre des mesures chères au PS :
- Des discussions sur une taxe visant l’optimisation des hauts patrimoines
- L’abandon du déremboursement partiel des médicaments
- Un possible assouplissement de la très controversée réforme des retraites
Des gages suffisants pour Olivier Faure qui estime avoir tiré le meilleur des négociations. Mais trop maigres pour les frondeurs qui y voient un renoncement.
Un Nouveau Front populaire fragilisé
Au-delà des murs du PS, ce sont les fondations mêmes du Nouveau Front populaire qui vacillent. En refusant de suivre la ligne dure prônée par Jean-Luc Mélenchon et ses troupes, les socialistes s’exposent à de vives critiques. LFI dénonce un « pacte de non-censure » et une compromission inacceptable.
Le PS a choisi son camp. Ce sera sans nous !
Un député LFI
Du côté des écologistes et des communistes, alliés du PS au sein du NFP, on se montre également circonspects. Beaucoup craignent que la stratégie d’apaisement d’Olivier Faure n’affaiblisse durablement la dynamique unitaire à gauche.
Vers une clarification au congrès du PS
En coulisses, certains cadres socialistes entrevoient déjà l’échéance du prochain congrès, prévu en 2023, comme l’occasion d’une nécessaire clarification. Olivier Faure, qui brigue un nouveau mandat, devra convaincre sur sa ligne. Plusieurs prétendants, désireux de renouer avec une opposition frontale, fourbissent leurs armes.
Le PS ne peut pas être la roue de secours d’un gouvernement de centre-droit.
Une élue socialiste
Aujourd’hui, 8 députés socialistes ont voté la censure, confirmant la fracture. Tous les regards sont désormais tournés vers l’après-vote. Combien de temps le PS, et avec lui le fragile édifice du Nouveau Front populaire, résistera-t-il à ces déchirements internes ? L’avenir proche le dira.