C’est un premier ministre soulagé qui est sorti de l’Assemblée nationale jeudi soir. François Bayrou, nommé à Matignon il y a à peine un mois, a échappé de peu à une motion de censure qui aurait pu faire tomber son gouvernement et replonger la France dans une crise politique. Mais c’est du côté de ses opposants que le premier ministre a trouvé un soutien inattendu.
Une Fronde de la Gauche Radicale qui Tombe à l’Eau
À l’origine de cette motion de censure : la gauche radicale menée par les Insoumis, les écologistes et les communistes. Leur texte n’a recueilli que 131 voix, loin de la majorité absolue nécessaire pour renverser le gouvernement. Un échec cuisant pour Jean-Luc Mélenchon et ses alliés qui espéraient bien mettre en difficulté le centriste dès ses débuts à Matignon.
Votre mandat est marqué par le sceau du chantage. Les raisons de vous censurer aujourd’hui sont nombreuses mais certains s’apprêtent à vous sauver.
– Manuel Bompard, chef de file des Insoumis
Mais c’était sans compter sur le revirement spectaculaire du Parti socialiste. Son patron Olivier Faure a annoncé dans l’après-midi que ses troupes ne voteraient pas la censure, pour ne pas « pratiquer la politique du pire ». Un raisonnement également suivi par le Rassemblement national qui s’est abstenu.
Des Gages Donnés au PS
Si François Bayrou sort renforcé de cette séquence, il le doit en grande partie aux concessions qu’il a accordées au PS. Dans une lettre envoyée au dernier moment aux socialistes, le premier ministre s’est engagé sur plusieurs de leurs revendications :
- Revalorisation de toutes les pensions de retraite
- Annulation des déremboursements de certaines dépenses de santé
- Abandon de la hausse de la taxe sur l’électricité
- Augmentation des taxes sur les transactions financières et le rachat d’actions
- Surtaxe provisoire sur les grandes entreprises
Des gestes jugés insuffisants par certains à gauche, mais qui auront au moins permis à François Bayrou d’obtenir un répit.
Le RN en Arbitre
L’autre enseignement de ce vote, c’est la position centrale qu’occupe désormais le Rassemblement national à l’Assemblée. En choisissant l’abstention, le parti de Marine Le Pen a aidé le gouvernement à se maintenir. Mais ses cadres préviennent : ce n’est qu’un sursis.
Nous n’avons pas pris Michel Barnier en traître, nous ne vous prendrons pas davantage en traître.
– Sébastien Chenu, député RN du Nord
François Bayrou devra donc manœuvrer avec précaution dans les semaines à venir, notamment sur les débats budgétaires, pour ne pas s’attirer les foudres des lepénistes. Une situation inconfortable pour le premier ministre qui sait que son avenir à Matignon reste plus que jamais suspendu à des alliances fragiles et fluctuantes.