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Macron de Retour au Liban Pour Soutenir un Renouveau Politique

Quatre ans après l'explosion dévastatrice à Beyrouth, Emmanuel Macron retourne au Liban pour soutenir le déblocage politique et l'avènement d'un "nouveau Liban". Sa visite vise à aider les nouveaux dirigeants à consolider la souveraineté, la prospérité et l'unité du pays. Mais le chemin sera-t-il aisé pour redresser le Liban et renforcer l'influence française dans la région ?

Quatre ans se sont écoulés depuis les deux visites d’Emmanuel Macron au Liban dans la foulée de l’explosion dévastatrice qui a secoué Beyrouth. Aujourd’hui, le président français s’apprête à y retourner, avec l’espoir cette fois de soutenir un véritable déblocage politique et l’avènement d’un « nouveau Liban ». Un tournant que le chef d’État n’avait pu obtenir à l’époque malgré ses efforts, mais qui semble désormais à portée de main.

Un déplacement pour consolider la souveraineté et la prospérité du Liban

Selon l’Élysée, la visite d’Emmanuel Macron vise à « aider » le nouveau président libanais Joseph Aoun, élu il y a une semaine après deux ans de vacance du poste, ainsi que le Premier ministre désigné Nawaf Salam, « à consolider la souveraineté du Liban, à assurer sa prospérité et à maintenir son unité ». Des rencontres sont prévues avec les deux hommes à Beyrouth.

L’entourage du président français se félicite de ce tournant dans cet ancien protectorat qui revêt pour Paris « une valeur symbolique et une valeur stratégique particulière dans le Moyen-Orient d’aujourd’hui ». Un enjeu de taille pour la diplomatie française dans la région.

Retour sur les visites post-explosion de 2020

En août 2020, après la terrible déflagration au port de Beyrouth qui avait fait plus de 200 morts, Emmanuel Macron s’était précipité sur place. Accueilli en sauveur par une partie de la population qui conspuait la classe politique jugée responsable du drame, ce déplacement fut assurément l’un des temps forts de sa présidence.

Trois semaines plus tard, il était revenu pour arracher aux différents partis l’engagement de former un gouvernement réformateur censé extirper le pays du marasme économique et social. Mais malgré sa promesse, une troisième visite n’aura finalement jamais lieu, face à l’échec de former cet exécutif, vécu comme une « trahison » par le président français.

Un an et demi de pressions pour faire élire un président

Malgré cette déconvenue, Emmanuel Macron a continué de maintenir à distance la pression sur les dirigeants libanais. En juin 2023, il a même nommé son ex-ministre Jean-Yves Le Drian comme émissaire personnel pour faciliter l’élection d’un nouveau président. Un travail de longue haleine qui aura finalement porté ses fruits la semaine dernière, avec l’élection par le Parlement du général Joseph Aoun, commandant en chef de l’armée libanaise.

Ce dernier a rapidement nommé Nawaf Salam, un diplomate chevronné respecté et proche de la France, au poste de Premier ministre. Un choix qui s’était jusque-là heurté aux réserves du Hezbollah, le mouvement armé chiite pro-Iran incontournable sur la scène politique libanaise. Pour la diplomatie française, c’est une véritable « victoire ».

De multiples facteurs ayant contribué au déblocage

Pour autant, « on ne peut pas parler juste de succès de la diplomatie française », tempère le professeur Ziad Majed, rappelant que « rien ne s’était passé » après « l’ultimatum » lancé par Emmanuel Macron en 2020. Selon lui, plusieurs éléments ont joué dans le déblocage actuel :

  • La guerre dévastatrice entre Israël et le Hezbollah
  • L’affaiblissement du Hezbollah par l’armée israélienne
  • La crise économique qui perdure au Liban
  • La chute de Bachar al-Assad en Syrie, qui avait des visées hégémoniques sur le Liban
  • La crainte de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, grand soutien d’Israël

Un programme chargé pour le président français

Pour cette nouvelle visite, pas de bain de foule ni de rencontre collective avec tous les partis comme en 2020. Au programme ce vendredi : des entretiens avec les nouveaux dirigeants, mais aussi avec Nabih Berri, président du Parlement et allié du Hezbollah, Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU de passage au Liban, ainsi que les responsables du mécanisme mis en place par la France et les États-Unis pour vérifier l’application du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.

Emmanuel Macron compte plaider pour le retrait total de l’armée israélienne du sud du Liban et le déploiement de l’armée libanaise, comme prévu par l’accord, d’ici le 26 janvier. Il devrait aussi exhorter le Hezbollah à « renoncer aux armes » pour « entrer pleinement dans le jeu politique ». Enfin, l’Élysée promet des « gestes symboliques » pour mobiliser la communauté internationale au chevet du Liban, après une conférence d’aide organisée à Paris en octobre.

Le Liban, « porte d’entrée » de la France au Moyen-Orient

Au-delà du cas libanais, c’est bien la place de la France dans la région qui est en jeu. Pour Ziad Majed, « le Liban a toujours été pour la France une porte d’entrée » au Moyen-Orient, les Français étant parmi les seuls à « avoir de l’influence sur presque tous les acteurs » grâce à leur capacité de dialogue, y compris avec le Hezbollah et l’Iran, à la différence des États-Unis.

Si le pays parvient à se redresser, cela pourrait favoriser un rôle de la France dans la région.

Karim Bitar, politologue

Emmanuel Macron joue donc une partition délicate, entre soutien aux nouvelles autorités libanaises et pression pour des réformes profondes. L’objectif : permettre au Liban de retrouver sa souveraineté et sa place sur la scène internationale, tout en confortant le rôle de la France dans une région plus instable que jamais. Un défi de taille, dont l’issue reste incertaine, mais qui pourrait bien déterminer le bilan diplomatique du quinquennat Macron au Moyen-Orient.

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