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Rocket Factory Augsburg Obtient la 1ère Licence de Lancement Vertical au Royaume-Uni

RFA est la 1ère entreprise à obtenir une licence pour lancer verticalement une fusée dans l'espace depuis le sol britannique, sur l'île d'Unst. Un moment historique pour l'Europe spatiale qui veut stimuler la concurrence face à SpaceX. Découvrez comment ce lancement va se dérouler et ce qu'il signifie pour l'avenir...

L’industrie spatiale européenne franchit un cap historique. Pour la première fois, une entreprise privée a obtenu l’autorisation de procéder à un lancement orbital vertical depuis le sol du Royaume-Uni. La société allemande Rocket Factory Augsburg (RFA) vient en effet de recevoir sa licence pour envoyer sa fusée dans l’espace depuis la base de SaxaVord, sur l’île reculée d’Unst dans l’archipel des Shetland, à l’extrême nord de l’Écosse.

Cette première licence de lancement en Europe continentale, en dehors du site de l’Agence spatiale européenne (ESA) en Guyane, marque « un tournant pour l’innovation spatiale européenne » selon Jörn Spurmann, cofondateur et directeur commercial de RFA. L’entreprise espère réaliser un vol d’essai dans le courant de l’année, suite à un échec l’an dernier dû à l’explosion d’un moteur lors d’un test statique.

Le Royaume-Uni, nouvelle terre de conquête spatiale

Ce feu vert des autorités britanniques représente une avancée majeure pour le pays, qui ambitionne de devenir un acteur clé du NewSpace en Europe. Rob Bishton, directeur général de la Civil Aviation Authority (CAA) qui a accordé la licence, y voit « une étape historique » pour le Royaume-Uni. Le site de SaxaVord avait déjà obtenu fin 2023 le statut de « port spatial » privé.

Le choix de l’île d’Unst n’est pas anodin. Cet avant-poste isolé en mer du Nord offre des conditions idéales pour les lancements orbitaux, loin des zones habitées et des couloirs aériens. Plusieurs autres projets y sont d’ailleurs en développement, même si certains connaissent des revers comme celui de Virgin Orbit qui a fait faillite après l’échec d’une mission depuis Spaceport Cornwall.

Stimuler la concurrence face à SpaceX

Au-delà de la prouesse technologique, l’enjeu est aussi économique et stratégique. La Commission européenne et l’ESA ont sélectionné l’an dernier cinq opérateurs, dont RFA, pour mettre en orbite de petits satellites européens. L’objectif : dynamiser la concurrence sur un marché dominé par le géant américain SpaceX d’Elon Musk, en s’appuyant sur des acteurs privés agiles et innovants.

RFA mise sur sa fusée RFA One, un lanceur léger et réutilisable capable d’emporter jusqu’à 1,5 tonne de charge utile en orbite basse. Un format flexible et compétitif, idéal pour répondre à la demande croissante de déploiement de constellations et de missions sur mesure. La société allemande espère réaliser 5 vols d’ici 2024 et atteindre une cadence d’un lancement par semaine d’ici 2030.

Un écosystème spatial en plein essor

Au-delà de RFA, c’est tout un écosystème spatial qui se structure au Royaume-Uni, porté par une stratégie nationale ambitieuse et des investissements publics et privés conséquents. Le pays compte déjà plusieurs ports spatiaux opérationnels ou en projet, ainsi que des centres de recherche et de production de rang mondial.

Parmi les autres acteurs britanniques à suivre, on peut citer Orbex, Skyrora ou encore Reaction Engines, qui planchent sur diverses solutions de lanceurs orbitaux ou suborbitaux. Des entreprises étrangères comme Lockheed Martin, Moog ou Astra sont aussi attirées par ce dynamisme et installent des antennes sur le sol britannique.

Le Royaume-Uni a tous les atouts pour devenir un leader mondial des lancements spatiaux commerciaux. Nous avons les infrastructures, les compétences et l’appétit entrepreneurial pour réussir.

– Ian Annett, directeur adjoint de l’Agence spatiale britannique

Quel impact pour l’Europe spatiale ?

Le développement des capacités de lancement britanniques pose la question de l’équilibre et des synergies au sein du paysage spatial européen. Alors que l’ESA s’appuie historiquement sur son port spatial de Kourou et le lanceur Ariane, cette diversification des acteurs et des sites pourrait rebattre les cartes.

Certains y voient un risque de concurrence et de duplication des efforts, au détriment d’une approche coordonnée au niveau continental. D’autres au contraire soulignent l’opportunité de multiplier les options de lancement et de stimuler l’innovation, dans un marché en pleine expansion tirée par le NewSpace.

Une chose est sûre : le premier lancement orbital depuis le Royaume-Uni, s’il est couronné de succès, marquera un tournant symbolique et renforcera ses ambitions spatiales. Reste à voir comment ce nouvel acteur s’intègrera dans la stratégie spatiale européenne et quelles collaborations pourront émerger avec ses partenaires continentaux. L’espace, plus que jamais, se joue à l’échelle internationale.

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