C’est au terme de plusieurs heures de discussions houleuses que les députés socialistes ont tranché : le gouvernement Bayrou ne sera pas censuré. Une décision lourde de conséquences pour le parti à la rose, tiraillé entre la nécessité de se poser en « parti de gouvernement » et la tentation de claquer la porte de la majorité.
Des négociations marathon pour arracher des concessions
Depuis la déclaration de politique générale du Premier ministre mardi, la pression n’a cessé de monter sur les épaules des députés PS. Fallait-il voter la motion de censure déposée par leurs alliés de gauche au risque de faire tomber le gouvernement ? Ou au contraire, rentrer dans le rang et sauver la majorité ?
Pendant plusieurs jours, les négociations se sont enchaînées, tant en interne qu’avec l’exécutif, pour tenter de trouver une issue à ce casse-tête politique. Les socialistes exigeaient des gages : conférence sociale sur les retraites, taxe sur les hauts patrimoines, fin du déremboursement des médicaments… Autant de « victoires » brandies par les cadres du parti pour justifier leur choix.
Les « 20% de frondeurs » n’ont pas pesé
Pourtant, les tensions étaient palpables au sein du groupe parlementaire. Selon nos informations, environ 20% des députés socialistes se sont prononcés pour la censure lors de la réunion de mercredi. Une fronde qui n’aura finalement pas suffi à inverser la tendance.
« On a maintenu le doute jusqu’au bout pour tenter d’obtenir davantage », souffle un élu. Avec à la clé, le choix assumé de rompre avec La France Insoumise et les autres composantes de la NUPES.
Chaque député qui ne votera pas la censure se verra opposer un candidat aux prochaines législatives.
Jean-Luc Mélenchon
Le spectre d’une dissolution
En refusant de renverser le gouvernement Bayrou, le PS s’expose à des représailles de ses anciens alliés. Jean-Luc Mélenchon a d’ores et déjà prévenu que la NUPES présenterait des candidats face aux députés socialistes « félons » en cas de dissolution de l’Assemblée nationale.
Un scénario que les stratèges du parti à la rose espèrent éviter à tout prix. « L’objectif était d’engranger suffisamment pour ne pas se faire dissoudre dans la foulée », analyse un député. Car malgré les concessions arrachées, c’est bien le Premier ministre qui sort renforcé de ce psychodrame politique.
Cap sur les Européennes
En refusant l’épreuve de force, le Parti socialiste a choisi le pari du temps long. Celui de se reconstruire lentement mais sûrement, loin des soubresauts de l’Assemblée, pour refaire son unité en vue des prochaines échéances électorales.
Premier rendez-vous en ligne de mire : les élections européennes de 2024. Avec l’espoir, qu’un bon score permettrait de redistribuer les cartes à gauche et ouvrir un nouveau chapitre pour un PS en quête de renaissance. D’ici-là, la feuille route est claire : soutenir le gouvernement Bayrou sans se renier. Un numéro d’équilibriste qui s’annonce d’ores et déjà périlleux.