Dans un contexte économique difficile, le Sri Lanka vient de franchir une étape majeure en signant le plus important accord d’investissement direct étranger de son histoire. Le géant pétrolier chinois Sinopec a en effet décidé d’investir la somme colossale de 3,7 milliards de dollars pour construire une raffinerie de pétrole ultramoderne dans la région d’Hambantota, au sud du pays.
Cet accord historique, conclu lors de la visite d’État de quatre jours du président sri lankais Anura Kumara Dissanayake en Chine, constitue une véritable bouffée d’oxygène pour l’économie du Sri Lanka, durement touchée par une crise sans précédent. Le pays s’était en effet retrouvé en défaut de paiement sur sa dette de 46 milliards de dollars en 2022, entraînant de graves pénuries de nourriture, de carburant et de médicaments pour sa population.
Un partenariat gagnant-gagnant ?
Selon la présidence sri lankaise, une part substantielle de la production de la future raffinerie sera destinée à l’exportation, dans le but de soutenir les recettes en devises du pays. Cet investissement massif devrait ainsi contribuer à stimuler la croissance économique du Sri Lanka et à améliorer le niveau de vie des habitants de la région d’Hambantota.
Mais certains observateurs s’interrogent sur les contreparties de cet accord pour la Chine. En 2017 déjà, Pékin avait profité des difficultés financières du Sri Lanka pour obtenir le contrôle du port stratégique d’Hambantota via un bail de 99 ans, suscitant de vives inquiétudes quant à l’influence grandissante de la Chine dans le pays.
La dette chinoise, un fardeau pour le Sri Lanka
Il faut dire que la Chine représente plus de la moitié de la dette extérieure totale du Sri Lanka. Un endettement qui pèse lourd sur les finances du pays et limite sa marge de manœuvre. Certains craignent que ce nouvel investissement ne fasse qu’aggraver cette dépendance, tout en offrant à la Chine un levier d’influence supplémentaire.
Les relations entre la Chine et le Sri Lanka sont face à une opportunité historique de développer leurs liens.
Xi Jinping, président chinois
Pour le président chinois Xi Jinping, les relations sino-sri lankaises sont à un tournant de leur histoire. Pékin semble bien décidé à renforcer sa présence dans cette région stratégique de l’océan Indien, au carrefour des routes maritimes reliant l’Asie, l’Afrique et l’Europe.
Un pari risqué pour l’avenir du Sri Lanka ?
Si l’accord avec Sinopec représente indéniablement une opportunité économique majeure pour le Sri Lanka, il comporte aussi sa part de risques et d’incertitudes. Le pays saura-t-il tirer profit de cet investissement sans compromettre son indépendance et sa souveraineté ? L’avenir nous le dira.
En attendant, une chose est sûre : le Sri Lanka joue gros avec ce partenariat. Un succès pourrait lui permettre de redresser son économie et d’offrir un avenir meilleur à sa population. Mais un échec risquerait de l’enfermer durablement dans une spirale d’endettement et de dépendance vis-à-vis de son puissant créancier chinois.
