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Menaces de mort envers Sandrine Rousseau : un pensionnaire de la Comédie-Française convoqué

Un comédien de la Comédie-Française risque le licenciement suite à des menaces de mort envers la députée Sandrine Rousseau. L'institution réagit après des révélations chocs. Retour sur une affaire qui secoue le théâtre français...

L’affaire secoue le milieu du théâtre français. Un pensionnaire de la Comédie-Française, prestigieuse institution fondée il y a plus de 300 ans par Louis XIV, risque aujourd’hui le licenciement. Son crime ? Avoir proféré des menaces de mort à l’encontre de la députée écologiste Sandrine Rousseau. Une affaire qui met en lumière les dérives sexistes et violences qui gangrènent encore trop souvent le milieu des arts.

Pensionnaire au passé trouble convoqué par la Comédie-Française

D’après nos informations, le comédien de 52 ans, Nâzim Boudjenah, n’en serait pas à son premier dérapage. Déjà condamné en 2021 à 6 mois de prison avec sursis pour des menaces de mort sur une ex-compagne, il avait ensuite été mis en examen en octobre 2022 pour des viols présumés. Mais c’est un autre épisode qui vient aujourd’hui relancer le scandale.

Lors d’une audition lundi devant une commission d’enquête de l’Assemblée sur les violences dans le milieu culturel, la députée Sandrine Rousseau a révélé avoir elle aussi été ciblée par les menaces du comédien en juillet dernier. Des faits suffisamment graves pour la pousser à porter plainte. Un procès devrait avoir lieu le 6 juin prochain.

Une institution accusée d’inertie face aux violences

Face à ces accusations, la Comédie-Française assure avoir pris des mesures dès 2020 pour mettre le comédien « à l’écart des plateaux ». Mais pour beaucoup, ces actions restent insuffisantes. Lundi, interrogé sur la reconduction du comédien, l’administrateur Éric Ruf avait botté en touche, s’attirant les foudres du collectif #MeToo Théâtre qui a dénoncé une audition « indigne ».

Sous pression, la Comédie-Française a finalement annoncé la convocation du comédien « en vue d’un licenciement ». Un revirement qui intervient alors que l’institution est régulièrement accusée d’inertie face aux violences et agressions en son sein.

La Comédie-Française réaffirme son soutien total aux victimes de violences sexistes et sexuelles.

– Communiqué de la Comédie-Française

Une « culture du viol » dénoncée dans le milieu du théâtre

Au-delà de ce cas individuel, c’est tout un système qui est montré du doigt. Depuis le déclenchement de #MeToo, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’omerta et la « culture du viol » qui règnent dans le milieu du théâtre et des arts en général. Harcèlement, agressions sexuelles, viols… Les langues se délient mais les actes concrets peinent à suivre.

Le collectif #MeToo Théâtre appelle d’ailleurs à un grand rassemblement le 29 janvier prochain devant la Comédie-Française. L’objectif : maintenir la pression sur les institutions pour faire évoluer les mentalités et les pratiques. Car si le cas de Nâzim Boudjenah fait aujourd’hui les gros titres, combien d’autres affaires restent encore étouffées ?

Une affaire emblématique du chemin qu’il reste à parcourir

Selon une source proche du dossier, le comédien mis en cause nie les viols dont on l’accuse et affirme que les menaces proférées contre Sandrine Rousseau relevaient d’un « contexte particulier ». Il assure s’être depuis excusé auprès de la députée. Son avocate évoque un homme « détruit et désespéré par 4 ans de procédure ».

Quelle que soit l’issue des procédures en cours, cette affaire montre que le combat est loin d’être gagné. Si la parole se libère, il reste encore à transformer l’essai. Pour que les prédateurs ne puissent plus agir en toute impunité. Pour que les victimes soient entendues et soutenues. Pour que la honte change enfin de camp.

Le monde de la culture, qui aime tant se présenter comme progressiste et à la pointe des combats sociétaux, a aujourd’hui l’occasion de montrer l’exemple. En se réformant en profondeur pour faire de la lutte contre les violences sexistes une vraie priorité. Le chemin est encore long mais l’urgence est là. Il en va de la dignité des victimes et de l’honneur de toute une profession.

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