En cette matinée du jeudi 16 janvier 2025, le Premier ministre britannique Keir Starmer a foulé le sol ukrainien pour la première fois depuis son élection en juillet dernier. Mais ce déplacement n’a rien d’une simple visite de courtoisie. Le dirigeant travailliste est venu sceller un partenariat de sécurité « sur 100 ans » entre le Royaume-Uni et l’Ukraine, à quelques jours seulement du retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Un traité historique pour l’avenir de l’Europe
Cet accord ambitieux, qui englobe les domaines de la défense, de l’énergie et du commerce, vise à renforcer les liens entre Londres et Kiev pour les générations futures. Selon une source proche des négociations, le traité devrait être signé en grande pompe par Keir Starmer et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Pour le Royaume-Uni, il s’agit d’envoyer un message fort à la communauté internationale : malgré le Brexit et les incertitudes liées au retour de Trump au pouvoir, la Grande-Bretagne entend bien rester un acteur majeur sur la scène européenne et un soutien indéfectible de l’Ukraine face aux ambitions russes.
Un pied de nez à Vladimir Poutine
Côté ukrainien, cet accord est perçu comme une victoire diplomatique de taille. Malgré les efforts de déstabilisation déployés par le Kremlin, Kiev peut compter sur l’appui sans faille d’une des principales puissances européennes. Comme l’a souligné Downing Street dans un communiqué, « l’ambition de Poutine d’éloigner l’Ukraine de ses partenaires les plus proches a été un échec stratégique monumental. Au contraire, nous sommes plus proches que jamais ».
Ce partenariat portera notre amitié à un niveau supérieur.
– Keir Starmer, Premier ministre britannique
Un partenariat multidimensionnel
Au-delà de la dimension symbolique, le traité annoncé ce jour devrait avoir des implications concrètes majeures. Il prévoit notamment une collaboration militaire renforcée en mer Noire, ainsi que des partenariats dans des secteurs de pointe comme la santé, l’agro-technologie, le spatial ou encore les drones.
L’Ukraine espère tirer profit de l’expertise britannique dans ces domaines pour moderniser son économie et ses forces armées, alors que la menace russe reste prégnante à ses frontières. Le Royaume-Uni, de son côté, voit dans ce rapprochement l’opportunité de développer de nouveaux marchés et de contrer l’influence de Moscou dans la région.
L’ombre de Trump plane sur Kiev
Malgré l’optimisme affiché, ce partenariat stratégique intervient dans un contexte géopolitique incertain. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche suscite de vives inquiétudes en Ukraine et parmi ses alliés européens.
Durant son premier mandat, le milliardaire républicain avait affiché sa volonté de renouer le dialogue avec Vladimir Poutine et s’était montré critique sur l’aide financière et militaire apportée à Kiev. Son secrétaire d’État désigné, Marco Rubio, a d’ailleurs appelé à une « diplomatie audacieuse » pour mettre un terme au conflit, estimant que le principal problème de l’Ukraine n’était pas le manque d’argent mais le manque d’Ukrainiens.
Face à ces déclarations ambiguës, Volodymyr Zelensky a exhorté ses partenaires occidentaux à ne pas faiblir dans leur soutien. Il a même suggéré un déploiement de troupes en Ukraine pour superviser un éventuel cessez-le-feu, une proposition initialement avancée par Emmanuel Macron mais accueillie avec circonspection par l’OTAN.
Le Royaume-Uni, un allié fidèle malgré le Brexit
Dans ce contexte, l’engagement britannique apparaît comme un gage de stabilité pour l’Ukraine. Malgré sa sortie de l’Union européenne, Londres figure parmi les principaux soutiens de Kiev depuis le début de la guerre, avec plus de 15 milliards d’euros d’aide militaire et civile.
Le Royaume-Uni a notamment fourni à l’armée ukrainienne des missiles de croisière Storm Shadow, utilisés pour frapper des cibles stratégiques en Russie, une ligne rouge pour Moscou. Plus de 50 000 soldats ukrainiens ont également été formés sur le sol britannique.
Avec cet accord de partenariat sur un siècle, Keir Starmer entend ainsi réaffirmer la position du Royaume-Uni comme un pilier de la sécurité européenne, en dépit des turbulences induites par le Brexit et l’arrivée au pouvoir d’une administration américaine plus isolationniste.
Une bouffée d’oxygène pour l’armée ukrainienne
Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes, confrontées depuis plusieurs mois à une armée russe mieux équipée et plus nombreuse. Malgré les livraisons d’armes occidentales, Kiev peine à reprendre l’initiative sur le front, notamment dans le Donbass et sur le littoral de la mer d’Azov.
Dans ce contexte, le soutien indéfectible du Royaume-Uni est perçu comme une bouffée d’oxygène par le commandement ukrainien. Outre l’aide financière de 47 millions d’euros annoncée ce jour par Keir Starmer, Kiev espère obtenir de nouveaux équipements militaires et un renforcement de la coopération dans le domaine du renseignement.
Vers une conférence de paix sous égide britannique ?
Au-delà de l’aspect militaire, ce partenariat stratégique pourrait également ouvrir la voie à une initiative diplomatique d’envergure. Selon des sources concordantes, Keir Starmer et Volodymyr Zelensky devraient évoquer la possibilité d’organiser une grande conférence de paix sous patronage britannique.
L’objectif serait de réunir autour d’une même table l’Ukraine, la Russie, les États-Unis, l’Union Européenne et les principales puissances régionales afin de trouver une issue négociée au conflit. Un pari audacieux, alors que Vladimir Poutine campe sur ses positions et que Donald Trump semble déterminé à traiter directement avec le maître du Kremlin.
Quoi qu’il en soit, la visite de Keir Starmer à Kiev marque un tournant dans les relations anglo-ukrainiennes et envoie un signal fort à la communauté internationale. Malgré les incertitudes du moment, le Royaume-Uni entend bien peser de tout son poids pour défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, son partenaire privilégié pour les 100 prochaines années.
