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Procès d’un ancien porte-parole vietnamien pour corruption

Un procès retentissant s'ouvre au Vietnam contre un ex-porte-parole du gouvernement. Mai Tien Dung est jugé pour corruption dans une affaire de projet immobilier. Cette comparution s'inscrit dans une vaste campagne anticorruption qui ébranle le pouvoir en place...

C’est un procès qui risque de faire grand bruit au Vietnam. Mai Tien Dung, ancien porte-parole du gouvernement âgé de 66 ans, comparaît depuis ce jeudi devant un tribunal de Hanoï. Les chefs d’accusation qui pèsent sur lui sont lourds : abus de pouvoir et acceptation de pots-de-vin à hauteur de 200 millions de dongs, soit environ 7 600 euros. Une somme qui aurait été versée par un promoteur immobilier en échange de faveurs dans le cadre d’un vaste projet de construction dans le sud du pays, projet chiffré à un milliard de dollars.

Neuf autres prévenus sur le banc des accusés

Mai Tien Dung n’est pas seul sur le banc des accusés. Neuf autres responsables, issus du pouvoir central et régional, sont également jugés pour des faits similaires dans cette même affaire. Au cœur du scandale : un homme d’affaires, Nguyen Cao Tri, soupçonné d’avoir versé plus de 7 milliards de dongs en pots-de-vin, soit environ 270 000 euros, pour obtenir des passe-droits.

Selon les médias d’État, ce projet immobilier contesté aurait privé le Vietnam de 3 600 hectares de terrains et « facilité 24 cas illégaux de destruction des sols forestiers ». Un véritable gâchis environnemental qui s’ajoute aux dérives financières.

Mai Tien Dung, figure de premier plan

Mai Tien Dung est le plus haut responsable impliqué dans cette affaire tentaculaire. Figure connue des Vietnamiens, il avait occupé la fonction stratégique de porte-parole du gouvernement entre 2016 et 2021. Sa mise en cause constitue donc un signal fort dans un pays où la corruption gangrène les plus hautes sphères du pouvoir.

Une campagne anticorruption d’ampleur historique

Ce procès très médiatisé s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne anticorruption baptisée « brasier ardent ». Lancée il y a plusieurs années par les autorités vietnamiennes, elle a déjà conduit des milliers de personnes devant les tribunaux, des chefs d’entreprise aux hauts dirigeants politiques. Une purge d’une ampleur inédite.

Selon des analystes, ces manœuvres judiciaires masquent aussi des luttes de pouvoir en coulisses au sein du Parti communiste vietnamien.

Signe de l’intensité de ces rivalités, deux présidents vietnamiens, Nguyen Xuan Phuc et Vo Van Thuong, ont dû démissionner depuis 2021 après des scandales liés à des affaires de corruption. Du jamais vu dans un régime où les tractations se font habituellement à l’abri des regards.

Flambée des procédures judiciaires

Cet activisme judiciaire se traduit dans les chiffres. En 2024, selon le ministère de la Sécurité publique, 825 affaires de corruption impliquant 1 676 individus ont été traitées. Soit une augmentation de plus de 16 % par rapport à l’année précédente. Un rythme effréné qui ne semble pas près de faiblir.

Le procès de Mai Tien Dung, qui doit durer cinq jours, sera donc scruté de très près. Au-delà de la personnalité de l’accusé, il donnera une indication sur la détermination du régime à poursuivre cette purge anticorruption. Une campagne qui bouscule en profondeur les équilibres politiques et économiques du Vietnam.

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