Au printemps 1945, un photographe de l’AFP se retrouve plongé au cœur de l’horreur des camps d’extermination nazis. Éric Schwab, ancien photographe de mode devenu correspondant de guerre, suit la progression des troupes alliées et documente les atrocités découvertes lors de la libération des camps de la mort en Allemagne. Ses clichés en noir et blanc, d’une puissance inouïe, immortalisent les visages émaciés, les regards apeurés et les montagnes de cadavres qui témoignent de la barbarie nazie.
Un périple personnel et historique
Mais pour Éric Schwab, cette mission revêt aussi une dimension profondément personnelle. Lui-même juif d’origine allemande, il est à la recherche de sa mère Elsbeth, déportée en 1943 et dont il est sans nouvelles. De Buchenwald à Dachau en passant par Theresienstadt, le photographe sillonne les lieux de l’indicible, capturant l’ampleur du drame à travers son objectif.
Ses images, devenues des icônes, montrent aussi des fragments d’espoir au milieu du chaos. Des déportés célébrant la fin du cauchemar, des rescapés retrouvant leur dignité. Et puis, miracle parmi les ruines, Éric Schwab retrouve sa mère à Theresienstadt. Infirmière auprès des enfants survivants, elle a échappé à la mort. Des retrouvailles si intenses qu’il choisit de ne pas les photographier.
Un témoignage pour l’Histoire
Le travail d’Éric Schwab offre un témoignage visuel essentiel sur l’horreur concentrationnaire. Ses photos, largement diffusées dès 1945, ont contribué à révéler au monde l’ampleur de la tragédie. Mais il faudra du temps pour que le talent du photographe soit pleinement reconnu, ses clichés étant souvent publiés sans signature comme c’était l’usage pour les photographes d’agence à l’époque.
Avec ses cadrages soignés et ses portraits saisissants, Éric Schwab a su capter l’humanité au cœur de la déshumanisation. Ses images resteront à jamais gravées dans nos mémoires.
– Un historien
Aujourd’hui, son œuvre est considérée comme un pan essentiel de notre mémoire collective. Les originaux de ses photos sont précieusement conservés à la Bibliothèque nationale de France, témoins d’une époque que l’on ne doit jamais oublier. Éric Schwab s’est éteint en 1977 à New York, où il s’était installé après la guerre avec sa mère miraculeusement retrouvée.
En ce jour de commémoration, prenons le temps de nous replonger dans ses images. Non pour céder au voyeurisme de l’horreur, mais pour honorer le devoir de mémoire. Pour que jamais ne se reproduise une telle négation de l’humanité. Les photos d’Éric Schwab sont là pour nous le rappeler, par-delà le temps et l’oubli.