Alors que le président américain nouvellement réélu Donald Trump martèle son intention d’imposer des droits de douane de 25% aux importations canadiennes dès lundi, le gouvernement d’Ottawa et les provinces se préparent au pire. « Toutes les options sont sur la table » pour une riposte « ciblée, énergique et résolue » selon le Premier ministre Justin Trudeau, bien décidé à ne pas se laisser faire.
Des mesures de rétorsion à l’étude
Selon des sources proches des discussions, le Canada envisage de son côté d’augmenter les taxes sur certains produits américains stratégiques comme l’acier, les sanitaires en céramique, la verrerie ou encore le jus d’orange de Floride. Mais l’idée de bloquer carrément les exportations canadiennes de pétrole, d’électricité et de minerais critiques vers les États-Unis est aussi dans les tuyaux.
Des sanctions qui auraient de lourdes conséquences des deux côtés de la frontière. Car les échanges entre les deux pays sont colossaux : 75% des exportations canadiennes sont destinées au marché américain, soit près de 2 millions d’emplois qui en dépendent directement. Du jamais vu.
L’unité politique menacée
Mais cette option radicale sème la discorde au sein des provinces canadiennes. La Première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, refuse en bloc toute entrave aux exportations de brut de sa région vers les raffineries américaines, qui représentent plus de 3 millions de barils par jour. Une position contraire au reste de ses homologues.
« L’Alberta n’acceptera tout simplement pas de droits de douane sur l’exportation de notre énergie ou d’autres produits, et nous ne soutenons pas non plus une interdiction des exportations de ces mêmes produits », a-t-elle martelé sur les réseaux sociaux. Un camouflet pour Justin Trudeau, qui peine à rassembler derrière la bannière nationale sur ce dossier explosif.
Je suis désolé mais lorsque quelqu’un attaque votre pays et tente de priver des gens de leurs moyens de subsistance, il faut se battre comme on ne l’a jamais fait auparavant.
Doug Ford, Premier ministre de l’Ontario
L’économie canadienne en première ligne
Car en face, le puissant voisin américain ne compte pas faire de cadeau. Déterminé à favoriser « l’Amérique d’abord », Donald Trump veut rapatrier un maximum d’industries sur son sol. Un protectionnisme aggresif qui pourrait coûter jusqu’à 500 000 emplois dans la seule province de l’Ontario selon Doug Ford, son Premier ministre et poids lourd de l’économie canadienne.
Pourtant, l’interdépendance des deux pays est telle qu’une guerre commerciale frontale serait dévastatrice des deux côtés de la frontière. Selon nombre d’experts, le Canada ne peut prendre le risque de perdre son premier débouché à l’export. Pas plus que les États-Unis ne peuvent se passer de l’énergie, des matières premières et des produits canadiens.
Mais pour l’heure, Donald Trump semble prêt à mettre ses menaces à exécution coûte que coûte. Quitte à enclencher une spirale de représailles aux conséquences incalculables. Le Canada n’a lui d’autre choix que de préparer sa riposte. Une escalade dont personne ne sortira gagnant.