Alors que l’élite mondiale s’apprête à converger vers Davos pour le traditionnel Forum économique mondial (WEF), des voix s’élèvent pour pointer du doigt un paradoxe embarrassant. Selon plusieurs ONG, il est grand temps que les dirigeants d’entreprises revoient leur mode de transport, en troquant leurs jets privés contre un moyen bien plus respectueux de l’environnement : le train.
L’aviation privée, ce fléau climatique en plein essor
Les chiffres sont édifiants. D’après une étude publiée en novembre dernier dans la revue « Communications earth & environment », les émissions mondiales de CO2 de l’aviation privée ont explosé de 46% en seulement 4 ans, entre 2019 et 2023. Si cette tendance se poursuit sans régulation, la contribution de ce secteur au réchauffement climatique, bien que marginale à l’heure actuelle, risque de s’aggraver fortement.
Les chercheurs à l’origine de ces travaux avaient notamment épinglé l’utilisation massive de jets privés lors de grands événements internationaux, parmi lesquels figuraient le Forum de Davos et la COP28 de Dubaï. Recourir à ce mode de transport polluant et énergivore pour aller discuter d’enjeux environnementaux, voilà qui sonne faux et nourrit de sérieuses accusations d’hypocrisie envers les dirigeants.
Le train, une alternative viable et écologique
Pourtant, les alternatives existent, et le WEF lui-même montre l’exemple. Climatiquement neutre depuis 2017 grâce à des compensations carbone, l’organisation incite fortement ses participants à emprunter le train, en leur offrant gratuitement le billet.
Les ONG saluent cette initiative, mais demandent davantage. Transport & Environment, ECODES et TravelSmart, entre autres, exhortent non seulement les dirigeants à se plier à ces recommandations, mais aussi le WEF à s’assurer qu’elles sont bel et bien suivies d’effet.
Un changement nécessaire pour rester sous les 1,5°C
Car le temps presse. Selon ces organisations, « tout avion d’affaires voyageant vers Davos envoie le message que les entreprises, avec tous leurs moyens et leurs capacités à montrer l’exemple, manquent d’une véritable volonté de consentir à des changements simples pour aider à rester sous les 1,5°C de réchauffement ». Un changement d’autant plus crucial que l’aviation commerciale pèse déjà lourd dans la balance, avec 2,5% à 3% des émissions mondiales de CO2.
À l’heure où la crise climatique s’intensifie et où chaque geste compte, les acteurs économiques ont un rôle crucial à jouer. En renonçant à leurs jets au profit du rail, les dirigeants enverraient un signal fort et montreraient l’exemple d’un transport plus responsable. Comme le martèlent les ONG, voyager en train vers Davos ne devrait plus être une option, mais un impératif pour tous ceux qui prétendent œuvrer à un avenir durable.
Le Forum économique mondial sera-t-il le théâtre d’une prise de conscience salutaire, ou au contraire le reflet de notre inertie collective face à l’urgence climatique ? Réponse la semaine prochaine, sur le quai des gares ou le tarmac des aéroports.